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« Lorsque j’étais enfant, j’emportais à l’école un bento et une gourde avec du thé. Le matin, il avait une couleur jaune-vert mais dans la journée, celle-ci évoluait pour devenir plus foncée, c’est l’oxydation des catéchines du thé vert »  explique Emiko Okamoto en me servant un « thé au matcha*抹茶 » à la fondation Baur où elle installe son comptoir de thé ambulant certains  dimanches et lors d’événements ponctuels.

Les mystères de cette boisson ancestrale, Emiko les a depuis apprivoisés en devenant « Japanese Tea Advisor ». Et pourtant, rien ne prédestinait cette genevoise native d’Osaka à cette passion, sauf peut-être des souvenirs de doux moments partagés en famille ancrés dans sa mémoire…

« Ma grand-mère adorait ce thé, elle m’apprenait à faire diminuer la température de l’eau. Lorsque l’eau est bouillie, il s’agit de faire baisser la température en la transvasant d’une tasse à une autre, ce qui permet en même temps de chauffer la tasse. Dès qu’elle est tiède, on met les feuilles de thé puis l’eau dans la théière et on attend une minute. »

Mais tout d’abord, comment une japonaise décide-t-elle de s’installer en Suisse?

Très attirée par l’Europe, Emiko décide d’étudier la littérature et la langue allemandes à l’université de Kyoto. Diplôme en poche et ayant travaillé dans une joaillerie pendant ses études, elle trouve un poste à Zurich dans la maison Gübelin. Une quinzaine d’années plus tard, mariée et maman d’un petit garçon, sa famille s’installe à Genève. Nouvelle ville, nouveau départ, elle a envie de changer d’univers professionnel… Les saveurs de sa jeunesse l’habitent toujours, alors elle se décide :  ce sera l’heure du thé, à la japonaise!

  •  *poudre de thé vert

Le thé ne s’improvise pas, surtout au pays du soleil levant. Emiko Okamoto est donc allée se former à la  Nihoncha Instructor Association de Tokyo, et s’est vue décerner la certification d’ « enseignante en thé japonais » ou sommelière du thé…

Cette formation dure un an mais revenant régulièrement au Japon, elle continue à suivre des cours et rencontre des professionnels afin de compléter ses connaissances et découvrir les nouvelles tendances : développement d’un thé vert semi-fermenté japonais similaire au  taïwanais, d’un thé noir japonais, etc.

A Osaka, elle se passionne également pour les petits gâteaux au matcha. Parallèlement à sa spécialisation en thé japonais, elle suit les cours du chef pâtissier Mr Kasuga et passe avec succès les épreuves. Son objectif ? « Je veux pouvoir proposer les deux, le thé et les douceurs que je confectionne moi-même », ce qu’elle fait avec beaucoup d’élégance, recevant ses hôtes en Kimono traditionnel pour un moment de thé.

salon de thé japonais Genève

Emiko sélectionne directement les différents crus qu’elle sert ou vend également à ses clients, comme le Sencha supérieur de Fukuoka, le Gyokuro d’Uji ou le Genmaicha au matcha de Miyazaki.

Les différents goûts et propriétés du thé vert japonais viennent du processus de fabrication et du mode préparatoire. « Ma passion est de faire découvrir les différents thés mais également les différentes manières de le préparer. Car, même si c’est facile,  tout va dépendre du dosage, de la quantité de thé, d’eau, de la température de celle-ci et du temps d’infusion. »

Qu’est-ce qui distingue les thés japonais des indiens ou chinois ? Ils viennent tous de la même plante, le camelia sinensis, mais le mode de fabrication est très différent, entre autre, car au Japon ils ne sont pas fermentés : les feuilles fraîchement récoltées sont étuvées à haute température pour stopper l’oxydation avant de passer par quatre étapes pour être séchées, chauffées à nouveau et malaxées, ensuite séchées et triées.

Le thé vert japonais est donc très frais et offre de multiples propriétés, excellentes pour la santé en raison de la catéchine qu’il contient: antioxydant, antiseptique, désintoxiquant, fluor, vitamine C, etc.

Emiko note un engouement croissant pour le thé vert car « les consommateurs sont plus sensibles à ce qu’ils mangent aujourd’hui, à leur santé et leur bien-être ». Mais attention à celui vendu en supermarché, avec des arômes ajoutés qui sont souvent le résultat de produits chimiques! «Moi, je veux faire découvrir le goût authentique du thé 100% naturel» plaide-t-elle.

Emiko Okamoto salon de thé japonais Genève

Où la trouver?

Emiko AkamotoLe salon de thé d’Emiko, Aux Mille Pins, est ambulant. Elle se déplace selon les invitations pour faire découvrir son art, chez des particuliers ou lors de manifestation en lien avec le Japon – elle s’est dernièrement rendue à l’exposition Pop’art d’Yverdon-les-Bains. Elle est aussi présente à la Fondation Baur le vendredi, samedi et dimanche. Elle vend également on-line et si vous n’habitez pas trop loin de son quartier, livre elle-même les thés qui lui sont commandés. Elle avoue : « pour moi, le contact avec les clients est important et j’adore ! »

Le salon de thé continuera-t-il à déambuler ainsi à travers la ville de Genève et les différents cantons ?

Emiko a un petit sourire… « Je pense avoir trouvé mon endroit, mon « kakurega 隠れ家» (endroit caché). Je vous préviendrai. »   Nous sommes dans l’attente…