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Le Bol d’Or, c’est la régate mythique du Léman, près de 600 équipages professionnels et amateurs effectuent chaque année l’aller-retour sur le Lac entre les bouées de Genève et du Bouveret.

Aux premières lignes, les multicoques avec notamment les superbes D35 qui ont battu des records l’année dernière, seulement 5h38 pour le Ladycat de Dona Bertarelli, les Ventilo M1 et M2 mais il ne faut pas oublier la foule des monocoques dont les monotypes (Grand Surprises, Toucans et Surprises) qui, selon la météo, peuvent passer plus de 24h d’affilée sur l’eau pour boucler le tour.

Nous avons rencontré Christophe, barreur d’un Grand Surprise, amateur mais compétiteur qui nous a parlé avec émotion de son expérience de cette régate :

bol dor vue aérienne
bythelake: qu’est-ce que le Bol d’Or pour vous ?

Christophe: C’est avant tout une course d’endurance au cours de laquelle se déroule un kaléidoscope des ambiances du Lac. Il y a le jour, la nuit, le lever et le coucher du soleil, parfois la pluie, les vents qui changent, des conditions différentes entre le Petit, le Grand et le Haut Lac. C’est ce qui en fait une course unique, une aventure qui change à chaque course. Elle exige habilité des marins du Lac mais surtout « un nez » pour sentir les vents qui vont pousser leurs bateaux. Les reliefs montagneux qui encadrent le Lac ont un effet accélérateur produisant rapidement des vents violents parfois même des tempêtes. Eric Tabarly qui participait en 1991 au Bol d’Or avait dit s’être fait surprendre par la traîtrise des vents du Lac. Mais le Lac peut aussi n’être que légèrement caressé par des brises subtiles qu’il faut repérer pour ne pas rester « en rade »: pendant la course j’observe en continu le Lac à l’affût du Séchard, du Vauderon, du Jorasson ou même du Bisoton, tous ces vents particuliers qui m’accompagneront jusqu’à la ligne d’arrivée.

bythelake: vous en êtes à votre quinzième participation, qu’est ce qui vous fait encore courir ?

Christophe: Cette course est un défi perpétuel, tant les conditions climatiques sont différentes chaque année. L’expérience est maintenant devenue un atout qui me permet de choisir le bon matériel en fonction de la météo, de mieux préparer l’équipage et de savoir prendre le vent. Et puis bien sûr le goût de la compétition, le but ultime étant de finir la course sans encombres avec un meilleur classement que l’année précédente. Il y a une émulation au sein d’une même classe de bateau, « une régate dans la régate », pour dépasser ceux qui étaient devant l’année précédente! On les garde en ligne de mire tout au long de la course, on les observe de près à la bouée du Bouveret, on ruse, on feinte, pour les devancer.

bythelake: votre souvenir le plus cocasse?

bol-d-orChristophe: C’est aussi le plus glacial: Sur la route du retour face à Nyon, un dimanche au petit matin, sans vent mais sous la pluie, j’étais adossé à la sangle latérale avec un autre équipier quand soudain celle-ci a brutalement lâché, nous projetant tous les deux d’une pirouette dans l’eau. Heureusement le bateau était quasi immobile, nous avons pu rattraper le bateau à la nage et remonter à bord… Parfaitement réveillés!

bythelake: votre meilleur souvenir ?

Christophe: Ils sont nombreux j’en citerai deux:

Le premier, idéalisé avec le temps sûrement, c’est mon premier Bol d’Or à l’âge de 12 ans sur le Soling barré par mon père. J’ai encore en mémoire m’être réveillé au soleil levant, notre esquif poussé à vive allure par des vents thermiques sur un Lac à peine ridé au large d’Excenevez (« la Route des Barques » me disait-il) et un classement record : 33ème sur 300!

Le deuxième, celui plus récent de l’année dernière: Pour la première fois une arrivée le jour même, sans nuit blanche grâce à la bise, au moment du coucher de soleil, en dévalant à vive allure sous spinnaker dans le Petit Lac. C’était magique et enivrant!
Merci Christophe et bon vent samedi !

Sophie Durouchoux, Juin 2015

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