Sonia Jebsen – mai 2023
Sur la rive française du Léman, les évènements artistiques s’enchaînent pour le plus grand plaisir du public, des amateurs d’art et des artistes bien entendu. Le Festival d’art singulier a vu le jour à l’initiative de Nathalie de Frouville (NdF Agency) et Cassandra Wainhouse (peintre et directrice artistique) en 2020. La 4ème édition installée dans les murs de la ferme d’Antioche présente 18 artistes du Grand Genève et de la France entière.
«L’art ne vient pas coucher dans les lits qu’on a préparés pour lui. Il se sauve aussitôt qu’on prononce son nom. Ce qu’il aime, c’est l’incognito. Ses meilleurs moments sont quand on oublie comment il s’appelle.» Jean Dubuffet
Curieuse professionnelle, Sonia part toujours un appareil photo à la main, pour partager les beautés de la région ou sa passion pour l’art et les artistes.
L’art singulier
Est-il possible de définir ce mouvement artistique contemporain, cousin de l’art brut , qualifié également « hors norme » ou « en marge » ?
Le terme « singulier » est apparu en 1978 lors d’une manifestation intitulée « les singuliers de l’art » organisée au musée d’art moderne de la ville de Paris. Par essence, les artistes singuliers sont pour la plupart des autodidactes ayant choisi d’instaurer une distance avec l’art académique, ses codes, ses principes. Leur besoin quasi vital de créer puise dans l’émotionnel. Les « singuliers » sortent souvent des sentiers battus en inventant leur propre technique et en se servant de matériaux insolites pour réaliser leurs oeuvres.
Réponse de Nathalie de Frouville :
« En tant qu’agent, galeriste et collectionneuse, j’ai pris conscience de mon attrait pour des oeuvres d’artistes hors des chemins balisés et à mon goût sans relief de l’art contemporain. Leur créativité spontanée me touche particulièrement. En collaborant avec Cassandra Wainhouse, nous avons pris conscience de cet attrait commun. D’où le lancement de ce festival en 2020.
Le public et l’art singulier
Existe t’il un engouement du public pour cette expression artistique ?
« Je ne perçois pas cela comme un engouement mais plutôt comme une curiosité, une envie d’apprendre plus à ce sujet. Le public perçoit la spontanéité, la part mystique ou mystérieuse composant les oeuvres. Puis s’enclenche toute une série de questions concernant l’artiste… L’art singulier est une forme de langage émotionnel qui ne laisse personne indifférent ». Nathalie de Frouville
Afin de répondre aux attentes du public, les organisatrices du Festival ont invité Martine Lusardy, la directrice du Musée d’Art Brut La Halle Saint Pierre ä Paris. La rencontre aura lieu le samedi 20 mai à 15h30 et portera sur le mouvement « art brut », ainsi que ses « dérivés » et leur présence sur la scène artistique contemporaine.
La sélection d’artistes exposés à la Ferme d’Antioche
18 « singuliers » participent à cette édition avec une invitée, la peintre Svetlana Arefiev, installée en France depuis 1994. Une carte blanche a été proposée à la curatrice et galeriste Françoise Souchaud qui présente le sculpteur Tidru et ses figures humaines peintes.
Les organisatrices du Festival ont opté pour une formule itinérante. Au fil des éditions, l’évènement s’installe dans un lieu différent. Une jolie manière de diffuser la visibilité des artistes et d’aller à la rencontre d’un nouveau public. Bienvenue à la Ferme d’Antioche à Nernier ! Cette bâtisse, située à proximité du château-fort du XIIIe siècle appartenant à la famille de Leusse de Syon, a été cédée à la commune et sert à présent d’espace d’exposition.
