Virginie Hours
« Ils se disputaient encore à propos des pommes. Lui voulait cultiver davantage de pommes de table pour les manger ; elle voulait des pommes à cidre pour les boire. »
C’est ainsi que commence le livre de Tracy Chevalier, « A l’orée du verger ». Lui ? C’est James le père, qui aime les pommes plus que ses propres enfants, surtout les reinettes dorées qui combinent des arômes de noix et de miel avec une acidité finale qui parait-il ressemble à l’ananas. Elle ? C’est Sadie la mère qui noie son mal de vivre dans le cidre et l’eau-de-vie et rêve de quitter le Black Swamp, ce coin marécageux de l’Ohio où tout pousse difficilement.
A sa manière habituelle, Tracy Chevalier s’est attachée à raconter fidèlement et par petites touches, ces américains qui rêvent de réussir mais n’y parviennent pas. Reste la passion pour les pommes et les arbres ! Leur fils Robert parvient à s’enfuir et à tenter sa chance en Californie où l’annonce de la présence d’or a suscité la ruée de pauvres hères comme lui. Mais sa chance, c’est de garder au fond de lui l’amour pour sa famille et la capacité à s’émerveiller devant la beauté de la nature.
Tracy Chevalier peut dérouter dans sa chronologie et sa manière de donner la parole aux différents protagonistes, par le biais de monologues ou de lettres. Mais il est passionnant de croiser des personnages emblématiques de l’histoire des Etats-Unis, tel ce John Chapman (alias Johnny Appleseed) ou William Lobb, un des premiers botanistes, et de relire l’histoire de l’Amérique de 1838 à 1858 à travers le prisme des « petites gens » oubliés de la Grande Histoire.
(A l’orée du verger de Tracy Chevalier, Quai Voltaire/La Table Ronde 2016; ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2018)
A propos de l’auteur :
Tracy Chevalier est une écrivaine américaine spécialisée dans les romans historiques. Elle s’est fait connaître grâce à son livre « la Jeune Fille à la perle » publié en 2002. « A l’orée du verger » est sa 8ème publication.