Virginie Hours
Née en 1995 à Genève
2017-2018 : championne suisse de sprint
A côté de sports plus connus comme le ski alpin ou le ski de fond, il existe également le ski de randonnée qui a comme particularité de se pratiquer avec des skis dotés d’une fixation modulable selon que l’on soit en montée ou en descente et une bande de peaux de phoques à coller sur les skis pour une meilleure adhérence lors des montées et lorsque les parois sont trop verticales… Le ski-alpinisme est la variante orientée alpinisme et/ou compétition de ce sport.
Déborah Chiarello, championne de Suisse de la spécialité, nous invite à en savoir plus.
2018 :
1ère, Eiger Ultra Trail, Suisse
1ère féminine, Patrouille des Glaciers (Arolla-Verbier), Suisse
9ème (5ème U23), Coupe du Monde, Madonna di Campiglio, Italie
2ème (1ère U23) Sprint, Rosa Ski Raid, Italie
4ème (2ème U23) Individuel, Rosa Ski Raid, Italie
Virginie Hours : Racontez-nous comment vous découvrez le ski-alpinisme…
Déborah Chiarello : J’ai débuté à trois ans sur les skis pendant les vacances car ma mère est haut-valaisanne et nous allions souvent à Loèche-les-bains. Mes parents m’ont ensuite emmenée en ski de randonnée avec les peaux de phoque vers dix-douze ans mais juste pour le plaisir. Vers quatorze-quinze ans, j’ai senti l’envie de faire de la compétition et le plus simple était de me lancer dans la course à pied. J’ai commencé dans un petit club dans le Haut-Valais et une de mes entraîneuses était Nathalie Etzensperger, une ancienne championne de ski-alpinisme. Elle m’a emmenée une fois avec elle pour me faire découvrir la discipline qui m’a plût tout de suite. J’ai donc découvert le ski-alpinisme dans le Haut-Valais et non sur Genève car après la scolarité obligatoire que j’ai faite à Genève, je suis partie en internat pour apprendre l’allemand à Brig pendant les cinq années du collège.
VH : Pourquoi ce déclic avec la compétition alors que ce n’est pas le même plaisir ?
DB : Je voulais juste voir ce que mon corps était capable de faire avec les entraînements, jusqu’où je pouvais aller. C’est l’aspect performance qui m’intéressait et le ski-alpinisme combine beaucoup d’exigences : le physique avec la montée et le plaisir avec la descente
J’ai donc commencé la compétition en 2014 avec quelques courses en verticale à Loèche-les-bains.
VH : Avez-vous l’envie de vous professionnaliser ?
DB : Personnellement, j’ai besoin de suivre des études universitaires car elles me procurent un équilibre en me permettant d’être attachée à un milieu social avec l’université et de garder un lien avec le monde professionnel. Ainsi, j’évite de planer en restant dans un environnement uniquement sportif. Actuellement, j’arrive à combiner mes études avec les entraînements. Je suis en bachelor en sciences du sport à Fribourg.
VH : Où vous entraînez-vous ?
DB : Là où il y a de la neige… Plus sérieusement, souvent en Valais dans le Val de Bagnes mais également à Grindelwald où vit mon ami. L’été, je m’entraîne plus du côté de Genève et du Jura. En famille, nous allions vers le col de la Faucille et dans les préalpes vaudoises.
VH : Quelles sensations différentes procure la pratique des trois skis, ski alpin, ski de fond et ski-alpinisme ?
DB : Le ski alpin nécessite de la technique compte tenu des différents virages à effectuer et des types de skis utilisés mais on profite de la vitesse ; c’est le plus ludique. Le ski de fond est plus physique mais procure aussi des sensations de glisse même si on doit rester dans les rails ; il demande aussi d’être plus dans l’effort car on n’a pas le temps de se reposer. Le ski-alpinisme combine les deux : le ludique du ski alpin avec les descentes et l’aspect physique du ski de fond avec l’endurance…
VH : L’été, vous courrez des trails. Est-ce l’envie de surfer sur un sport qui devient tendance ou est-ce une manière de s’entraîner même sans neige ?
DB : La pratique du trail me permet effectivement de combiner été et hiver car elle se rapproche du ski-alpinisme : on s’entraîne sur les mêmes pentes, on est dans la nature au-milieu des montagnes, on a besoin d’avoir un bon physique et de connaître des techniques en descente. C’est donc complémentaire.
VH : Et plus précisément, quelles qualités doit-on avoir pour pratiquer le ski-alpinisme.
DB : Physiquement, il faut être rapide et efficace en montée et avoir une forte endurance car certaines courses peuvent durer plusieurs heures. La patrouille des glaciers par exemple, se court en huit/neuf heures. Il est nécessaire aussi d’avoir une bonne technique notamment dans la manipulation des peaux de phoque (les mettre sur les skis en montée, les enlever pour la descente) et une bonne coordination lors des passages un peu techniques : le pied doit être assez sûr. Il est également indispensable d’avoir une bonne technique de descente et de savoir s’adapter à tous les types de neige dans toutes les conditions. Il faut aussi savoir bien visualiser le parcours. C’est un sport très complet.
VH : Vous avez battu le record de la petite patrouille en 3h32.07. Pensez-vous à la grande patrouille ?
DB : Bien sûr car la petite ne vaut pas la grande ; c’est un autre genre d’effort, un autre type de préparation avec deux fois la distance de la petite à parcourir puisqu’on part sur huit heures ou neuf heures de courses. C’est une course que je ferais volontiers avec mes deux co-équipières Marianne Fatton et Florence Buchs si elles sont libres à ce moment-là.
VH : Les projets pour 2019 ?
DB : Ce sont d’abord les championnats de Suisse qui auront lieu début janvier. Je vais tenter un triplé puisque j’ai été championne de Suisse en 2017 et 2018. Si tout de passe bien, c’est un début de saison qui met en confiance pour la suite. Je vais ensuite essayer de participer au circuit international et me qualifier pour des compétitions internationales. Mais mon plus grand objectif est le championnat du monde qui aura lieu du 9 au 16 mars au Villars-sur-Ollon. Ma motivation est donc deux fois plus grande puisque je serai chez moi…
Le ski-alpinisme comprend plusieurs disciplines différentes :
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l’individuel : elle consiste en un enchaînement de montée de 1 600 à 1 900 mètres de dénivelé pour les hommes et de 1 300 à 1 500 mètres de dénivelé pour les femmes et de descente ;
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la compétition par équipe est la discipline phare: elle se court par équipe de deux et comme pour l’individuel s’effectue dans un enchaînement de montée de 1 600 à 2 100 mètres de dénivelé et de descente ;
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le sprint : Les coureurs effectuent un parcours intense entre 100 et 150 mètres de dénivelé qui dure environ 5 minutes. La course est découpée en quatre parties : le départ s’effectue en montée avec les skis aux pieds et les peaux de phoque, puis course à pied avec les skis sur le sac, puis on remet les skis aux pieds et les peaux de phoque et enfin descente pour rallier l’arrivée en mode skating sans les peaux de phoque.
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la course verticale : il s’agit d’une course qui s’effectue uniquement en montée, en général de 500 à 700 mètres de dénivelé. « On part en bas et on arrive en haut. »
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la course par relais : elle se déroule par équipes de trois ou quatre qui effectuent le parcours l’un après l’autre. Il s’agit d’une épreuve rapide qui dure environ entre 10 et 15 minutes et qui comprend deux montées et deux descentes et une course avec les skis sur le sac-à-dos.