Laure Calamy, Zita Hanrot et Rosemary Standley dans « Annie Colère »
Virginie Hours – décembre 2022
Le grand écran nous offre quatre cadeaux cinématographiques pour ce mois de fête. Voici la sélection : Utama, bijoux visuel et conte poétique et Le tourbillon de la vie avec ses hasards et une Lou de Laâge étonnante. Nous avons aussi beaucoup aimé Annie Colère pour son engagement et son hymne à la fraternité et Mother Teresa and me pour le portrait parallèle de deux femmes courageuses et volontaires.
Bonnes et heureuses séances en présence de femmes inspirantes !
Luisa Quispe et José Calcina dans « Utama »
Utama, la Terre en souffrance de Alejandro Loayza Grisi
Avec Luisa Quispe, José Calcina, Santos Choque
Sortie Suisse alémanique : 22 juin 2022
Sortie Suisse romande : 7 décembre 2022
« Utama », la Terre en souffrance qui garde espoir
Sisa (Luisa Quispe) et Virginio (José Calcina) forment un couple âgé et uni. Ils vivent sur les hauts plateaux de Bolivie entre leur troupeau de lamas et un petit lopin de terre. Leur village se vide peu à peu de ses habitants car la sècheresse rend la vie difficile. Leur petit-fils Clever (Santos Choque), qui habite la ville, vient leur rendre visite. Il veut qu’ils viennent vivre chez lui mais ceux-ci refusent.
Attention, petit bijou cinématographique. Ce film nous transporte dans une autre dimension faite de délicatesse, de rudesse et d’amour. La pluie ne vient pas. C’est l’une des régions les plus touchées par le changement climatique. Le vieux Virginio est malade, Sisa est inquiète du manque d’eau…. Et pourtant, ce film n’est pas désespérant, bien au contraire. Le réalisateur Alejandro Loayza Grisi est avant tout photographe : les visages et les étendues désertiques de cette région frontalière proche du désert de sel de Uyuni sont magnifiquement filmées, le face à face entre le condor et Virginio sublime cette histoire de fidélité à une terre et à ses promesses.
Un film porteur d’espoir qui a obtenu le prix du grand jury au festival du film de Sundance ainsi que le premier prix et le prix du public au Transilvania International Film Festival.
Annie Colère de Blandine Lenoir
Avec Laure Calamy, Zita Hanrot, India Hair
Sortie France : 30 novembre 2022
Sortie Suisse romande : 7 décembre 2022
« Annie Colère », le Call Jane à la française
Nous sommes en 1974. Annie (Laure Calamy) a deux enfants, un mari syndicaliste et travaille dans une fabrique de matelas. Se retrouvant enceinte et ne souhaitant pas garder le bébé, elle entre en contact avec des membres de la MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception). Touchée par l’ engagement, l’esprit de convivialité et d’entraide qui caractérisent le mouvement, elle s’engage peu à peu à leur côté. Cette décision va bousculer sa vie et celle de son entourage.
L’histoire d’Annie Colère ressemble beaucoup au film américain Call Jane. Cependant, autre continent, autre contexte, elle a sa mélodie personnelle : Annie est ouvrière et non mère au foyer, elle habite dans une petite ville française de province au début des années 70 et non une banlieue américaine des années 60. Laure Calamy nous épate à chaque nouveau film. Elle incarne avec conviction une femme qui prend peu à peu conscience qu’elle a aussi le droit de militer pour les causes qui lui semblent justes. Certaines scènes médicales sembleront peut-être trop répétitives mais l’intérêt du film est de montrer une époque de changement et de mobilisation. Instructif et touchant.
Mother Teresa and me de Kamal Musale
Avec Banita Sandhu, Jacqueline Fritschi-Cornaz
Sortie Suisse romande : 7 décembre 2022
Sortie Suisse alémanique : 21 octobre 2022
« Mother Teresa and me », all we need is love
Kavita (Banita Sandhu), d’origine indienne, habite à Londres. Elle est violoniste et joue dans un groupe avec son ami Paul. Lorsqu’elle découvre sa grossesse, elle se réfugie en Inde chez Peedali (Deepti Naval) une amie de ses parents pour réfléchir loin de la pression familiale. Ayant bien connu Mère Teresa (l’actrice et productrice suisse Jacqueline Fritschi-Cornaz) Peedali va lui faire re-découvrir l’intuition et l’histoire de la religieuse comme un écho à sa propre vie.
Le réalisateur indo-suisse, Kamal Musale, voulait depuis longtemps réaliser un film sur Mère Teresa avec l’ambition d’être au plus près de sa vie de croyante. Intelligemment, il a choisi de nous raconter en parallèle deux histoires de femmes voulant suivre leur destin mais traversant des périodes de doute et de désespoir. L’intérêt du film est ainsi de comparer la nuit spirituelle qu’a traversé Mère Teresa pendant une grande partie de sa vie et la perte de repère de la nouvelle génération. En ce sens, Kavita et Mère Teresa sont le miroir l’une de l’autre. Les aller-retours entre les deux époques sont soulignés par une belle photographie et Banita Sandu est particulièrement attachante.
Les bénéfices du film seront entièrement reversés à des institutions et des fondations œuvrant auprès des plus démunis en Inde, notamment les enfants pauvres.
Le Tourbillon de la vie de Olivier Treiner
Avec Lou de Laâge, Raphaël Personnaz, Isabelle Carré, Gregory Gadebois
Sortie France et Suisse romande : 21 novembre 2022
« Le Tourbillon de la vie » ou les hasards du destin
En 1989, Julia (Lou de Laâge) a 17 ans. Elle est en échange à Amsterdam où elle étudie le piano. A Berlin, la foule s’attaque au mur de la honte. Et si elle partait là-bas avec sa meilleure amie ? Et si au contraire, elle restait sagement dans sa chambre ? La vie de Julia est faite de ces petits moments décisifs, d’opportunités qu’elle saisit ou pas… et qui font d’elle une autre personne face à un autre destin.
Voici un très beau film à ne pas rater. A la manière d’un Claude Lelouch, le réalisateur Olivier Trailer nous offre 60 ans de la vie d’une femme, ou plutôt des vies d’une femme selon ses choix ou les hasards. Avec brio et des plans ingénieux, sa caméra suit Julia dans ses différentes identités, brillante concertiste ou mère de famille, jeune femme rebelle ou femme amoureuse. Lou de Laâge porte parfaitement le film sur ses épaules, encadrée par des comédiens qu’on aime comme Isabelle Carré en mère protectrice, Gregory Gadebois en facteur de piano passionné ou Denis Podalydès en impresario exigeant. La qualité des dialogues et la musique omniprésente s’ajoutent au plaisir d’un film parfaitement maîtrisé.