« Mat’cha », un authentique salon de thé japonais à Chamonix

Chamonix, temple de l’alpinisme en Europe, ses ruelles piétonnes à l’ambiance complètement haute-savoyarde qui accueillent  les doux fêlés de la montagne venus des quatre coins de la planète.   Improbable et pourtant totalement authentique, faufilez-vous dans l’impasse du Génépy… Cette allée s’écarte de l’agitation de la foule qui déambule dans la rue principale pour s’ouvrir sur une cour arborée entre deux bâtiments, vous découvrirez… Mat’cha, un salon de thé japonais, petit havre de paix vous invitant à une pause aussi délicieuse qu’inattendue.

Junko vous sourit quand vous poussez la porte, elle est l’âme de ces lieux. Il y a 20 ans, elle a rénové avec son mari L’Hôtel des Crêtes Blanches, dont Mat’cha occupe en fait la salle à manger. «L’endroit était vide la journée car nous ne servons que le petit déjeuner… Mon fils grandissant, j’avais envie et besoin de créer quelque chose qui me ressemble: j’ai ouvert le salon de thé en 2008». 

Junko évoque les sushis qui viennent d’emblée à notre esprit quand on parle restauration nippone, mais «les sushis, on n’en mange pas tous les jours!». Ce qu’elle souhaitait, c’était inviter les gens à entrer dans son univers comme on entre dans une maison japonaise, y retrouver cette ambiance douce, épurée et élégante, un service emprunt d’un cérémonial ancestral et de saveurs subtiles.  Les thés viennent de son pays d’origine bien sûr et c’est la maitresse de maison seule qui fait la pâtisserie ainsi que les plats qu’elle propose dans une formule déjeuner en semaine:  curry le mardi, bento le mercredi et le jeudi, sushi le vendredi!   Elle met tout son coeur et toute sa générosité afin de vous faire vivre un moment unique,  alors pour pouvoir le faire vraiment bien, le nombre de convives pour le midi est limité à 12, il vaut mieux réserver.

«Mais Junko, comment êtes-vous arrivée à Chamonix?  L’amour de la montagne?»  Elle sourit et nous raconte sa rencontre avec la France où son métier de mannequin l’a amenée dans les années 80 pour défiler sur les podiums de la mode parisienne. D’abord pour Issey Miyake puis Kenzo, Chanel…  Sa profession lui a permis de voyager avant de venir s’installer au pied du Mont Blanc avec son mari, originaire de la région. «L’amour de la montagne? Non,  au Japon,  je n’aurais même jamais eu l’idée d’y passer un weekend, mais maintenant j’y vis et j’aime beaucoup! ».

Claire-Alice Brenac, février 2016

Mat’cha, c’est une poudre de feuilles de thé vert moulu, utilisée pour la cérémonie du thé. Cette boisson réservée d’antan à l’Empereur et son entourage est issue d’une culture traditionnelle très différente de celle pratiquée pour les autres théiers.  Les plantations sont « ombrées » (recouvertes de toiles filtrant la lumière du soleil) quelques semaines avant la récole, ce qui stimule la création de cholorophylle. Ainsi le théier produira un taux très important d’acides aminés excellents pour la santé. C’est aussi cette concentration qui donne au thé vert un goût légèrement sucré.  L’utilisation en poudre permet de dissoudre la feuille de thé dans l’eau ce qui en intensifie les bénéfices.