Virginie Hours – juin 2021
Le printemps se finit en beauté sur le grand écran. Le plus difficile est de choisir ! Pour le mois de juin, Bythelake vous propose une sélection toujours éclectique mais attachante : des documentaires (De la cuisine au parlement et Léo, liberté et peinture), une comédie (Les deux Alfred), un thriller psychologique (Les séminaristes), et deux drames (The Father et 5ème set).
Alex Lutz dans « 5ème set »
« The father » de Florian Zeller
Avec Anthony Hopkins et Olivia Colman
Sortie Suisse romande et France : 26 mai 2021
Sortie Suisse alémanique : 24 juin 2021
« The father » ou l’émotion du déclin
A presque 80 ans, Anthony (Anthony Hopkins) vit encore seul dans un bel appartement londonien. Sa fille Anne (Olivia Colman) le visite régulièrement et s’inquiète car il refuse toutes les soignantes qu’elle lui propose et qui lui permettraient de conserver son autonomie. Mais Anthony ne voit pas les choses de cette manière. D’ailleurs, il comprend de moins en moins ce qui se passe autour de lui…
Ce film est une adaptation de la pièce éponyme écrite par Florian Zeller et qui rencontra un immense succès dès 2012. Florian Zeller, dont c’est le premier film (il reçut l’Oscar du meilleur scénario adapté), nous offre un très beau duo d’acteurs : Olivia Colman, humaine et sensible dans le rôle de la fille aimante et inquiète qui fait son possible pour le bien de son père, au risque de mettre en péril son équilibre personnel ; Anthony Hopkins (qui reçut l’Oscar du meilleur acteur pour ce rôle), bourru et attachant, qui perd peu à peu le contrôle sur les évènements et se débat avec ses souvenirs.
Une réflexion belle et poignante sur la vieillesse et le regard des proches.
« Servants » (Les séminaristes) d’Ivan Ostrochovsky
Avec Vlad Ivanov, Milan Mikulcik, Tomas Turek,
Sortie Suisse romande et France : 2 juin 2021
Sortie Suisse alémanique : 25 novembre 2021
« Les séminaristes » et la question du juste
En Tchécoslovaquie dans les années 80, deux amis d’enfance, Michal (Samuel Polakovik) et Juraj (Samuel Skyva), décident d’entrer au séminaire. Ils découvrent qu’une partie du clergé s’est engagée dans une organisation nommée Pacem in terris. Celle-ci, destinée théoriquement, à » lutter pour la paix dans le monde « , permet, dans les faits, au régime communiste, de contrôler le clergé en lui faisant assumer certaines positions politiques. A l’appel du Pape, plusieurs prêtres et séminaristes s’opposent à cette collaboration et s’engagent alors dans la résistance. Michal et Juraj doivent prendre parti.
Ce très beau film en noir et blanc met l’accent sur une histoire méconnue de la Tchécoslovaquie. Néanmoins le propos du réalisateur (dont c’est le deuxième film), est moins de condamner une partie du clergé que de mettre l’accent sur la responsabilité individuelle. Les images esthétiques et la musique minimaliste se combinent parfaitement pour nous faire sentir l’oppression d’un système et interroger notre propre capacité à nous rebeller pour ce qui nous semble juste.
Ce film a obtenu le Grand Prix du jury au Festival CinEast en 2020.
« 5ème set » de Quentin Reynaud
Avec Alex Lutz, Ana Girardot et Kristin Scott Thomas
Sortie Suisse romande et France : 16 juin 2021
Dans « 5ème set », rien n’est fini
« Qu’est-ce qui fait la différence entre un bon joueur de club et un joueur professionnel » questionne Thomas (Alex Lutz) qui a consacré sa vie au tennis. A 37 ans, ancien espoir et aujourd’hui dans les fonds du classement ATP, il refuse de croire qu’il n’y a plus d’espoir. Il tente les qualifications au tournoi de Roland-Garros. A la grande surprise de ses proches, notamment sa femme (Ana Girardot) et sa mère (Kristin Scott Thomas), il pense toujours que sa carrière est loin d’être finie.
Même si vous n’êtres pas un/e fan de tennis, ce film devrait vous plaire. A travers le personnage de Thomas, il rend hommage à tous ces sportifs passionnés, rêvant d’un destin malmené par la vie. Très bien menée par Alex Lutz, cette histoire de rédemption questionne le cirque médiatique et financier qui entoure les carrières des grands sportifs, aussi vite oubliés qu’ils ont été adulés.
Un film qui interroge au-delà du tennis lui-même.
« De la cuisine au parlement » de Stéphane Goël
Sortie en Suisse romande : 16 juin 2021
Sortie en Suisse alémanique : 17 juin 2021
« De la cuisine au parlement », un chemin qui n’est pas terminé
Il aura fallut quatre génération de suissesses pour obtenir le droit de vote et d’éligibilité. Et ce n’est pas fini, comme l’a attesté la grève des femmes de 2019. C’est pourquoi Stéphane Goël a souhaité rajouter un chapitre à son documentaire initial qui datait de 2012.
Celui-ci, très bien équilibré et cadencé, nous offre une radiographie des mentalités et de leur évolution à travers des images d’archives et des entretiens. L’occasion également de re-découvrir des femmes épatantes (et plus ou moins connues) comme Elisabeth Kopp, Ruth Dreyfuss, Tamara Funicello, Marina Carobbio, Amélie Christinat, Marthe Gostelli, Gabrielle Nanchen, Patricia Schulz, Brigitte Studer et Simone Chaupuis-Bischof.
Un documentaire toujours d’actualité.
« Les deux Alfred » de Bruno Podalydès
Avec Sandrine Kiberlain, Denis Podalydès, Bruno Podalydès
Sortie en Suisse romande et en France : 16 juin 2021
Sortie en Suisse alémanique : 18 juin 2021
Les deux Alfred, ou comment survivre aux nouvelles règles de notre société
Alexandre (Denis Podalydès) se trouve face à un défi : trouver un travail à temps plein tout en s’occupant de ses deux enfants en bas-âge. On lui propose un poste dans une start-up sous les ordres de l’ambitieuse Séverine (Sandrine Kiberlain). Seul hic : il est demandé aux employés de ne pas avoir d’enfants. Le hasard lui fait rencontrer Arcimboldo (Bruno Podalydès), « entrepreneur de lui-même » qui connait parfaitement les codes de la nouvelle économie et va l’aider à contourner les règles.
Voici une comédie tout à fait sympathique sur les travers de notre société. A travers les trois personnages principaux, Bruno Podalydès brocarde gentiment l’uberisation de la société et le mythe des start-ups cool. A la manière d’un Jacques Tati, il insuffle dans son film de la poésie avec des dialogues choisis, des scènes à clin d’oeil et des personnages attachants.
Une comédie gentiment satirique avec des acteurs visiblement heureux d’être là.
« Léo, liberté et peinture » d’Emmanuelle de Riedmatten
Sortie en Suisse romande : 23 juin 2021
Léo, liberté et peinture, « tout ce qui n’est pas intense ne vaut plus rien »
Qui se souvient de Léo Fiaux ? Cette peintre vaudoise à l’oeuvre particulière reconnue en son temps est tombée dans un oubli injuste. La réalisatrice Emmanuelle de Riedmatten a à cœur de nous faire re-découvrir sa vie et son œuvre avec ce documentaire.
A travers des images d’archives entrecoupées de scènes jouées et de témoignages, nous suivons Léo Fiaux dans sa recherche artistique à Paris, New-York, Rome, Tahiti ou Saint-Saphorin. Femme passionnée à l’avant-garde, elle déclarait : « mon art est quelque chose de si secret qu’on ne peut pas le définir ». Elle est décédée en 1964 à Vevey.
Un documentaire qui lui rend très justement hommage.