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Toute petite déjà, Julia Hou était fascinée par les objets et cherchait à comprendre comment ils avaient été fabriqués et pensés : meubles, vélo, vases, stylo, etc… « J’étais même attirée par les finitions » explique-t-elle. Aussi, née à Taiwan, elle va y suivre des études en dessin industriel avant de suivre son mari en Suisse dans les années 90 à la Chaux-de-Fonds pour apprendre le français et étudier à l’école de design spécialisé. Le monde de l’horlogerie commençait alors à se relever de la crise des années 80 et de l’arrivée des montres japonaises.

A l’époque, les montres étaient vues avant tout comme le résultat d’un travail d’ingénieurs qui influaient sur l’esthétisme des montres. La montre était un objet « décoré ». « Je suis arrivée au  moment  où cette approche était en train d’évoluer pour tendre davantage vers le design, avec un regard global sur l’objet ». Julia aime faire le lien entre les créations et les personnes. « Ce sont les personnes qui m’intéressent. Un designer ne peut pas bien travailler sans être en lien » dit-elle.

Julia Hou montre

C’est aussi le début de la production de masse avec l’arrivée de nouvelles technologies. Il faut alors penser aux montres différemment : d’abord comme à un produit multi-pièces, demandant à trouver un équilibre entre la création et les machines, puis comme un produit qui peut séduire toutes les cultures dans le monde. « J’aime ce genre de défi, l’observation sociale, penser à toutes les tranches sociales » s’amuse-t-elle. « Au début de ma carrière, quand je croisais dans la rue des gens qui portaient ma montre, je les arrêtais, « racontez moi votre histoire ! »

Paroles de Julia …

La genèse d’une montre :

« Quand je crée une montre, j’imagine d’abord qui va la porter. Ce processus est similaire à la création d’un vêtement, je travaille sur l’habillage d’une montre, comme les couturiers s’occupent avant tout de l’allure, de la silhouette. Le mouvement représente l’âme de la montre, le bracelet le vêtement et le cadran, c’est le maquillage pas le visage! Alors, je réfléchis… Homme ou femme, quelle taille de mouvement pour quel évènement… Par exemple, si c’est une femme : quand portera-elle cette montre, à quelle occasion, avec quel vêtement ? Quel est son style ? A quelle classe sociale appartient-elle ? Quelle famille ? Quels amis ? J’offre une histoire à cette montre, une ambiance. Ensuite, j’imagine comment peut être cette montre : sa fonction, son look. Puis, je propose des détails : Carrée ? Ronde ? Décorative ? Epurée ? J’évoque le matériau : Diamant ? Nacre ? Emaux ? A la fin seulement, à la dernière étape, je dessine et je montre des croquis qu’il est possible de modifier. Il faut aussi connaître ses limites en matière de prix car chaque pièce doit être multiple et identique compte tenu de l’utilisation de la machine-outil. »

Pourquoi relier calligraphie et méditation ?

« L’apprentissage de la calligraphie m’a aidée car la question des proportions est importante, il faut dessiner au millimètre près. Une femme est belle quand chez elle, tout est bien proportionné, équilibré. Il n’existe pas de beauté absolue car la perception qu’on en a évolue selon les cultures. La montre sera donc adaptée à une culture. »

Calligraphie et bien-être sont liés car si tu n’es pas équilibré mentalement, tu n’y arriveras pas, tu ne peux pas te concentrer. La calligraphie demande de soigner sa posture et de se concentrer. Tu fais bien si tu n’as que ça dans la tête. Faire de la calligraphie oblige à se concentrer sur les traces et les traits qu’on laisse sur le papier. Quand on recopie les calligraphies de certaines personnes on peut deviner à travers les traces laissées sur le papier, quel était leur état d’esprit. Et puis, la calligraphie permet de penser au contenu des textes car il s’agit de recopier ou d’imiter des anciens textes ou des gravures et cette relecture permet aussi la méditation qui est un moyen de se vider la tête. »

Sa nouvelle aventure : Horage…

Nous sommes un groupe de 7 ou 8 passionnés installés partout dans le monde et qui travaillent ensemble grâce à internet. Chacun se sent comme citoyen du monde.

Nous partageons une autre vision du luxe : le luxe n’est pas seulement synonyme de pierres précieuses et de rareté du mouvement mais aussi de temps et d’appréciation de la beauté, du temps présent et partagé. Nous voulons aussi recentrer le travail sur l’humain : c’est pourquoi, nous inscrivons sur nos montres « Hand Crafted Switzerland» et non « swissmade » car une montre est avant tout un produit de l’humain et nous voulons mettre « l’humain » au cœur du processus de création.

La montre Horage est une montre quotidienne à porter avec n’importe quel vêtement. Elle est indémodable, pratique, très simple, minimaliste. Le simple est le plus difficile à atteindre. Ces montres sont vendues différemment car uniquement sur internet par le biais de « kickstarter », une plateforme de fonds. La première montre ne coûte que 1600 CHF car nous n’avons pas investi dans la publicité. Dans un premier temps, seules 50 montres ont été produites afin de créer un lien direct entre producteur et consommateur.

Horage veut avoir un regard vers le futur. Je dessine également la gamme bijouterie qui accompagne toujours une montre. Comme nous sommes tous de bons vivants, je me suis inspirée des fruits et légumes et j’ai dessiné des bagues, pendentifs et boucles d’oreilles sur le thème du citron, du petit pois et de l’olive. Dessiner n’est pas compliqué en soi. La vraie question est « que dessiner ? » Horage veut proposer des bijoux « low profile », fabriqués de manière industrielle car la chaîne de création est différente de celle d’un bijoutier traditionnel mais avec de l’humour. Je voulais sortir du processus classique de création. Ces bijoux ont l’air de rien mais ils sont uniques comme le pendentif « Citron » qui est créé à base d’une unique nacre ou la bague « Cosmo » dont la pierre vient d’une météorite. »

www.horage.com