© Delphine Plantevin
Virginie Hours – juin 2022
Saviez-vous que Rodolphe Töpffer est considéré comme le père de la bande dessinée ? Ce n’est donc pas un hasard si la Suisse est devenue un pays phare de l’animation ! La preuve : elle était à l’honneur lors du dernier Festival International du Film d’Animation d’Annecy qui s’est terminé le 18 juin.
Avec l’aide de Delphine Plantevin, dessinatrice et monteuse pour le studio d’animation Caribara à Annecy, Bythelake vous propose un regard sur la sélection helvétique. Le meilleur moyen de préparer vos prochaines projections…
La Suisse à l’honneur
Le cinéma d’animation helvétique fêtait ses 100 ans d’existence en 2021. La fête aurait du avoir lieu l’année dernière… Qu’à cela ne tienne, le Festival International du Film d’Animation d’Annecy tient parole et célèbre la Suisse avec un an de retard.
Les noms suisses reconnus sont nombreux et la relève est bien là.
Les plus anciens se souviennent des précurseurs comme Gisèle et Nag Ansorge, Julius Pinschewer et Georges Schwizgebel.
La plus jeune génération suit avec attention les frères Sam et Fred Guillaume (Max & Co), Marina Rosset (La Main de l’ours), Michael Frei (Plug & Play), Isabelle Favez (Tarte aux pommes), Claude Barras (Ma vie de Courgette) et d’autres…
Le palmarès 2022 en est la preuve.
Regard de Delphine Plantevin sur le palmarès 2022
Dans le palmarès 2022, les Helvètes se sont faits remarquer grâce à leurs courts métrages. Marina Rosset, doublement primée, a gagné le prix de la meilleure musique et conquis le jury jeune avec La Reine des Renards, son beau film sur la solitude et l’esprit de meute.
Le réalisateur Noah Erni a aussi été primé pour son film The Invention of Less. Il raconte comment, à cause du réchauffement climatique, une ourse emménage à Zurich où elle refait sa vie.
A noter également le prix du film Off limits qui récompense les films expérimentaux. Dirk Koy l’a obtenu pour la Suisse avec Intersect.
Autre primé Suisse : Jonathan Laskar pour son film The record dans la catégorie première oeuvre.
Les étudiants sont eux aussi en compétition avec leurs films de fin d’étude représentant une catégorie du palmarès. Parmi les 38 films en compétition une école s’est souvent distinguée, la Hochschule de Luzern.
Côté Longs Métrages, les Soirées Evénements permettent de soutenir les équipes ou de décerner des prix d’honneur.
Michel Ocelot fut l’heureux récipiendaire du Cristal d’honneur pour son oeuvre dense, à l’occasion de l’avant-première de son dernier long métrage Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse.Il y met en scène trois différents contes toujours traités avec autant de finesse.
Le Japon avait quatre formats longs dans cette catégorie et une grande qualité d’animation et de scénarios, notamment pour «Goodbye Dongleesd’Atsuko Ishizuka. Le jeune réalisateur Masaaki Yuasa avec son film «Inu-oh , très rock, a conquis un public ados-adultes dans une salle surchauffée.
Dans la catégorie Films de Télévision la qualité est toujours au rendez-vous. Les Anglais conservent leur maîtrise indéniable des films de marionnettes animées comme en témoigne le Moyen Métrage Robin Robinde Dan Ojari et Mikey Please.
« Le pharaon, le sauvage et la princesse » de Michel Ocelot
Que penser du prochain film d’animation sur Le petit Nicolas ?
Présenté aux professionnels l’an dernier en » work in progress « , le film Le Petit Nicolas : Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, a raflé le prix Cristal du long métrage 2022.
Il faut dire que le film est à la hauteur du défi lancé sept ans auparavant : intégrer les auteurs René Goscinny et Jean-Jacques Sempé dans le Paris des années 1950 pour raconter la genèse de leur personnage. Le style graphique étant bien évidemment celui de Sempé, la ville de Paris s’anime et devient un véritable protagoniste… et tout naturellement le « petit Nicolas » prend vie sur le bureau de Sempé ou la machine à écrire de Goscinny. L’habile construction du scénario est soutenue par une animation fluide qui permet de glisser entre les histoires emmêlées des trois personnages.
Il sortira en salle le 12 octobre 2022 et devrait conquérir un public familial étendu sur trois générations.
« Le petit Nicolas – qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? » de Amandine Fredon et Benjamin Massoubre, photo ONYX Films-Bidibul Productions
Une exposition en l’honneur du film « Ma vie de Courgette »
En 2016, Ma vie de Courgette émouvait les spectateurs du monde entier… et recevait notamment le Cristal du long métrage au Festival d’Annecy.
La photographe Charlotte Desigaud consacre une exposition photographique au tournage du film d’animation réalisé par Claude Barras. Idéal pour comprendre tout le travail qui se cache derrière ces chefs-d’œuvre…
L’exposition a lieu à la Médiathèque Bonlieu du 15 juin au 27 août .
« Ma vie de Courgette » de Claude Barras