Valérie Lemercier dans « Aline »
Virginie Hours – novembre 2021
En ce mois de novembre souvent gris, Bythelake fait la part belle aux films qui donnent la pêche. Trois comédies sont à l’honneur : on fredonne avec « Et si on chantait », on danse avec « Aline » et on réfléchit sur le handicap auditif tout en gardant le sourire avec « On est fait pour s’entendre ». BTL a aussi beaucoup apprécié un drame humaniste qui nous transporte sur la côte d’Albâtre dans le nord de la France : « Albatros » de Xavier Beauvois.
Pascal Elbé dans « On est fait pour s’entendre »
« Si on chantait » de Fabrice Maruca
Avec Jeremy Lopez, Alice Pol, Artus, Clovis Cornillac
Sortie en France et en Suisse romande : 3 novembre 2021
« Si on chantait » ou le pouvoir des chansons
Quiévrechain est une ville industrielle du nord de la France. Lorsque Sofanor l’unique usine de la ville ferme ses portes, Franck (Jeremy Pol) se résout à devenir livreur de pizza. Passionné de chanson française, il a une idée originale : créer une société qui livrerait des chansons à domicile. Avec Sophie (Alice Pol), José (Artus) et Jean-Claude (Clovis Cornillac), des habitués de l’ancienne chorale de l’usine, il se lance dans l’aventure…
Le réalisateur Fabrice Murca est un enfant de Quiévrechain. Fils d’ouvrier de la métallurgie, son propos est de rendre hommage à ces villes du nord et à leurs habitants. Le film nous plonge dans un quotidien pas aussi gris avec des personnages pleins d’entrain et de ressource. Le quatuor mené par Jeremy Lopez est attachant, les chansons françaises sont à l’honneur et on fredonne ses préférés à la sortie. « Si on chantait » est une comédie divertissante qui révèle le sens caché de certaines mélodies…
Le film idéal un jour de pluie ou de stratus.
« Albatros » de Xavier Beauvois
Avec Jeremie Renier, Marie-Julie Maille, Victor Belmondo
Sortie en France : 3 novembre
Sortie en Suisse romande : 10 novembre
« Albatros », entre terre et mer
Laurent (Jérémie Renier) est un commandant de brigade de la gendarmerie d’Étretat, humain et apprécié de ses collègues et de sa hiérarchie. Originaire de la région, il connait tout le monde et les difficultés de chacun, à commencer par ceux des agriculteurs. Il est heureux entre ce métier qu’il aime, sa compagne Marie (Marie-Julie Maille) et sa fille. Parfois, il rend visite à sa mère qui lui offre la maquette d’un bateau baptisé « Albatros » ayant appartenu à son père, un marin. Mais un soir, sa vie bascule.
A travers ses films (Le petit lieutenant, Des hommes et des Dieux), Xavier Beauvois nous a habitué à porter un regard attentif et aimant sur les vies humaines. « Albatros » ne déroge pas à la règle. Le film peut se vivre en deux parties. La première raconte le quotidien d’une brigade de la gendarmerie dans la région d’Étretat. Avec une précision presque documentaire, on suit Laurent et son équipe dans leur travail de proximité, face aux difficultés de la vie rurale de notre époque. Peu à peu, la tension monte et le film bascule. La seconde partie est un peu longue (le prix de la rédemption ?) mais les images sont magnifiques, Jérémie Renier et Marie-Julie Maille sont forts et attachants.
Un beau film humaniste.
« Aline » de Valérie Lemercier
Avec Valérie Lemercier, Sylvain Marcel, Danielle Fichaud
Sortie en France et en Suisse romande : 10 novembre
Sortie en Suisse alémanique : 23 décembre
« Aline », et Dieu créa Céline
Aline (Valérie Lemercier), 14ème enfant de la famille Dieu, vit au Québec. Rapidement, son entourage découvre qu’elle a une voix en or et décide de contacter Guy-Claude (Sylvain Marcel), un producteur de musique. Celui-ci prend la mesure du talent de la petite fille et décide d’en faire une grande artiste.
Les premières images font craindre le pire, entre l’accent québécois et le visage omniprésent de Valérie Lemercier quel que soit l’âge de son personnage. Mais ce vrai faux biopic de la vie de Céline Dion, heu Aline Dieu, est mené d’une main de maître. Si elle flirte parfois avec la ligne, Valérie Lemercier aime tous ses personnages et ne les rend jamais ridicules. Sylvain Marcel est parfait dans celui du pygmalion et ressemble comme deux gouttes d’eau à l’original. Certes, il est préférable d’aimer la chanteuse car le film retrace sa carrière et sa vie personnelle dans les moindres détails. Mais la performance de Valérie Lemercier notamment sur scène, est époustouflante et vaut le détour.
« On est fait pour s’entendre » de Pascal Elbé
Avec Sandrine Kiberlain, Pascal Elbé, Valérie Donzelli
Sortie en France et en Suisse romande : 17 novembre
« On est fait pour s’entendre », ou comment être à l’écoute autrement
« Vous êtes souvent à l’ouest comme ça ? » demande Claire (Sandrine Kiberlain, une habituée des comédies) à son voisin Antoine (Pascal Elbé) qui n’entend jamais son réveil sonner le matin. Celui-ci s’étonne et s’énerve : tout va bien et si sa copine le quitte et si ses élèves chahutent lors de ses cours, il n’y est pour rien. Jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est devenu malentendant… Sa vie va s’en trouver changée.
Sur un sujet peu glamour, le réalisateur nous offre une jolie comédie bien pensée. Avec finesse, il aborde un sujet peu traité mais qui concerne une partie grandissante de la population : la surdité. Pour camper Antoine, Pascal Elbé est parfait en personnage bourru qui peu à peu cesse de se replier sur lui-même. Face à lui, on retrouve avec plaisir François Bérléand en compagnon fidèle et Sandrine Kiberlain qui traîne son allure dégingandée et désabusée avec un entrain contagieux.
Une très bonne surprise.