Vous n'aurez pas les enfants

Vous n’aurez pas les enfants

Valérie Portheret

Août 1942, deux cars chargés d’enfants juifs quittent discrètement l’enceinte du camp de transit de Vénissieux dans la région lyonnaise, surveillés par la police de Vichy.

C’est le début d’un incroyable sauvetage et d’une course contre la montre face aux autorités de Vichy pour sauver ces enfants de la déportation….

Catherine Gindre, avril 2025

Valerie Portheret, historienne, a consacré 25 ans de sa vie à faire des recherches d’une grande minutie pour nous raconter le destin de ces enfants et de leur famille. Elle en a retrouvé 90 dans le monde entier et leurs témoignages sont bouleversants.

Ce livre est du reste préfacé par Serge Klarsfeld avocat et historien de 88 ans, rescapé de la Shoah et qui a passé sa vie, avec son épouse Beate, à traquer les anciens nazis.

Cette rafle ordonnée par le Maréchal Pétain, moins connue que celle du Vel D’HIV de juillet 1942, nous permet de comprendre les enjeux de la collaboration. Ce récit passionnant met en exergue la politique anti-sémite de la France vassale de l’Allemagne, avec la participation de fonctionnaires français. Les consignes sont claires ; René Bousquet, directeur général de la Police nationale, doit livrer un nombre précis de juifs aux nazis et les enfants de deux à dix-huit ans entrent désormais dans les critères d’arrestation.

C’est sans compter sur l’action héroïques de deux prêtres membres d’oeuvres sociales juive et protestante (OSE) et d’infirmières qui vont en quelques heures devoir persuader les parents désemparés de signer des délégations de paternité ; acte d’amour ultime : confier les enfants à des tiers pour les sauver.

Dans ce travail de mémoire l’accent est mis aussi sur le rôle du cardinal Gerlier, ami de Pétain. Mais l’évolution de Vichy le conduit à une prise de conscience. Les rafles contre les juifs le révoltent et profitant de sa place dans la hiérarchie catholique, il prend tous les enfants sous sa protection et refuse totalement de les remettre aux autorités.

Grace au travail de Valérie Portheret nous découvrons toute cette solidarité et cet élan venant de familles qui recueillent ces enfants dans leurs foyers les sauvant ainsi de l’extermination.

Dans ce camp où en pleine chaleur 1 000 personnes seront internées sans connaitre leur sort, deux adolescents en particulier retiennent notre attention. Justus Rosenberg qui va réussir à quitter le camp grâce à son courage et son ingéniosité et Rachel qui se réfugie dans la musique avec son violon offert par son père et qui la quittera pas.

Ce livre est un témoignage passionnant sur ces heures sombres qu’a connu la France pendant les années d’occupation.