Oulaya Amamra dans « Divertimento »
Virginie Hours – janvier 2023
Le mois de janvier est celui des secrets sur grand écran. Bythelake vous propose de découvrir ceux d’une femme attachée à son passé (Une femme indonésienne), d’une adolescente en quête de son identité (L’immensitá ) et de deux soeurs musiciennes passionnées ( Divertimento).
Happy Salma dans « Une femme indonésienne »
« Une femme indonésienne (Before, now and then) » de Kamila Amdini
Avec Happy Salma, Laura Basuki et Arswendy Bening Swara
Sortie France : 21 décembre 2022
Sortie Suisse romande : 28 décembre 2022
Sortie Suisse alémanique : 12 janvier 2023
« Une femme indonésienne », là où se cachent les secrets
Nana (Happy Salma) a épousé en seconde noce un riche planteur, Monsieur Darga (Arswendy Bening Swara). Elle s’attache à être digne de ce nouveau rôle, s’occupant avec succès de la plantation, veillant à adopter une attitude toujours soignée et digne. Lorsqu’elle découvre que son mari a une liaison avec Ino (Laura Basuki), la propriétaire d’une échoppe, elle choisit de se rapprocher de celle-ci et de s’en faire une alliée. Une amitié va unir les deux femmes.
« Les chignons renferment les secrets » répond Nana à sa fille qui lui demande pourquoi elle attache toujours ses cheveux. Et des secrets, Nana en a beaucoup. Alors le soir, elle dénoue sa chevelure, libère son passé et pense à son père assassiné, son mari disparu… La vie politique est trouble dans l’Indonésie des années 60 : les paysans évoquent à voix basse le massacre des communistes, la radio annonce la passation de pouvoir entre le président Sukarno et le général Suharto soutenu par la CIA. Pour Nana, l’arrivée d’Ino dans sa vie est une chance de survivre. A l’image du film « In the mood for love » de Wong Kar Wai, la caméra suit avec délicatesse les gestes et la démarche de Nana, la musique omniprésente et envoutante accompagne cette histoire éternelle de renaissance. La réalisatrice Kamila Andini s’est d’ailleurs inspirée pour ce récit de la véritable relation qui a unit la mère de la productrice du film Jais Darga et la maîtresse de son père.
Un film subtil et attachant couronné de l’Ours d’argent du meilleur second rôle féminin au Festival international du film de Berlin 2022 et du prix du Jury au Brussels Film Festival 2022
« L’immensitá « de Emanuele Crialese
Avec Penelope Cruz, Luana Giuliani et Vincenzo Amato
Sortie France et Suisse romande : 11 janvier 2023
« L’immensitá » ou l’envie d’être soi-même
La jeune Adriana (Luana Giuliani) vit avec sa famille dans un nouveau quartier à Rome. Elle se rebelle contre l’ordre établi : aînée d’une fratrie, elle demande qu’on l’appelle Andrea car elle ne se reconnait pas dans son corps de fille. Sa mère (magnifique Penelope Cruz), en conflit avec le père, cherche un équilibre et de la fantaisie dans une vie quotidienne triste et aseptisée. Mais rien n’est simple. Alors, elles écoutent « L’immensitá » de Johnny Dorelli…
A l’occasion de la projection du film à la Mostra de Venise, le réalisateur italien Emanuele Crialese a révélé que l’histoire était en grande partie autobiographique. Etant lui-même personne trans, il a utilisé ses souvenirs d’enfance dans la Rome des année 70 pour écrire le scénario. Pourtant, ce film n’est pas revendicatif. Avec justesse, il nous raconte trois histoires d’identité qui s’entrelacent : un couple se déchire, une adolescente se cherche, une mère au foyer interroge son existence. Le propos n’est jamais lourd, ponctué par les hits de Raffaella Carrà, Patti Pravo, (ou le « Love story » de Johnny Dorelli) et les chorégraphies de la Rai. Penelope Cruz irradie pendant tout le film dont on attendrait presque une suite…
« Divertimento » de Marie-Castille Mention-Schaar
Avec Oulaya Amamra, Lina El Arabi, Niels Arestrup, Zinedine Soualem, Nadia Kaci
Sortie France et Suisse romande : 25 janvier 2023
« Divertimento », ou la passion pour la musique
À 17 ans, Zahia Ziouani (Oulaya Amamra) et sa sœur jumelle Fettouma (Lina El Arabi) intègrent le lycée Racine à Paris et sa classe musicale. Venues de Pantin, elles ont chacune un rêve : l’une veut devenir cheffe d’orchestre, l’autre violoncelliste professionnelle. Avec volonté et enthousiasme, elles travaillent dur pour se faire accepter par un environnement souvent hostile. Peu à peu, une idée germe : et si elles parvenaient à réunir les talents du conservatoire de Stains et ceux de leur lycée parisien dans un même orchestre qu’elles nommeraient « Divertimento » ? Zahia n’a peur de rien : « la musique, c’est la vie ; ma vie, c’est la musique »…
Voici un film formidable qu’il ne faut pas hésiter à montrer aux plus et moins jeunes. L’histoire véridique des sœurs Ziouani est un bel exemple de passion et de volonté. Porté par des actrices épatantes, Oulaya Amamra en tête, il nous plonge dans le monde des gammes et des répétitions, de la musique symphonique et de la transmission. Aujourd’hui, l’orchestre symphonique Divertimento réunit soixante-dix instrumentistes issus de milieux les plus divers et vise à donner accès à la musique classique au plus grand nombre. C’est également la grande réussite de ce film.