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Exposition sur « l’histoire du manga » au Rolex Learning Center de l’EPFL jusqu’au 26 Mars 2017.

Polymanga 2017 à Montreux (13ème édition, 40 000 visiteurs) du 13 au 17 Avril 2017

« Pop Art, mon amour », titre clin d’œil au film d’Alain Resnais « Hiroshima, mon amour » et à l’artiste Andy Warhol,  propose de découvrir deux artistes japonais majeurs: Osamu Tezuka, le « Dieu du manga » et Tadanori Yokoo, le « Andy Warhol » japonais.

Grâce aux prêts de nombreuses œuvres présentées pour la première fois en Suisse, cette exposition étonnante nous offre ainsi à réfléchir aux relations particulières qui existent entre le Japon et l’Occident, à leur influence réciproque et aux liens entre l’univers du manga et l’art contemporain. Alors, chassons nos à priori et découvrons avec curiosité ce nouveau monde à Yverdon-les-Bains dans le Musée la Maison d’Ailleurs!

Pop Art mon amour 4La première partie de l’exposition fait un rappel historique des conditions d’apparition du manga comme nous le connaissons. L’origine du manga moderne se situe à la fin de la seconde guerre mondiale avec la publication de la « trilogie de la Science Fiction » d’Osamu Tezuka. Le manga apparaît dès lors comme l’exemple des rapprochements culturels entre la société américaine, la culture européenne et la nation japonaise, Tezuka étant lui-même fan de Walt Disney et des romans européens. Mais venant d’un monde traumatisé par la guerre, il est également le symbole d’une fascination pour la technologie et d’une aspiration à un monde en paix, notamment à travers le mouvement des « space-opera » (récits dans l’espace) et des « cyberpunk » (où les hommes sont indissociables des réseaux informatiques). Aujourd’hui, l’esthétique manga est toujours en mouvement. Il est devenu un mode d’expression à part entière, des auteurs japonais écrivant pour le public occidental (à l’image du manga « quartier lointain » de Jirō Taniguchin décédé le 11 février dernier) et des occidentaux s’inspirant directement du formalisme japonais… Bien sûr, Goldorak, Albator et Pokemon ne sont pas oubliés, eux qui étaient des mangas avant de devenir des dessins animés… Et de faire partie de nos propres références !

Tadanori Yokoo

©Tandanori Yokoo

Ensuite place au « pop art » en tant que tel avec les oeuvres graphiques de Tadanori Yokoo : réalisés entre 1948 et 2016, les posters sérigraphiés aux couleurs vives sont d’une redoutable modernité. Mariant l’influence des traditionnels ukiyo-e (estampes gravées sur bois), des images symboliques de la culture occidentale et l’utilisation de couleurs vives, ils restent un rappel des traumatismes causés par la guerre.

N’hésitez surtout pas à monter sous les toits pour admirer le travail de Joanie Lemercier qui, avec une oeuvre spécialement conçue pour l’exposition, rend hommage à l’art du manga : un environnement post-apocalyptique se transforme selon les lumières et les ombres en un spectacle magique et poétique.

©Tezuka Production

Enfin, dans la dernière salle, magnifique bibliothèque consacrée au premier maître de la Science-Fiction, Jules Verne, nous pouvons admirer environ 79 planches originales prêtées par la Tezuka Production Company qui nous offre pour la première fois en Suisse, un panorama complet de la carrière « Science Fiction » de Tezuka : « Lots World », « Metropolis », « Phénix »…

Le petit « Astro Boy » ou Mighty Atom et en japonais 鉄腕アトム, est notamment à l’honneur et il est amusant de constater combien son histoire est comparable à celle de Pinochio : Astro Boy est un androïd créé par le professeur Tenma afin de remplacer son fils Tobio qui est décédé. Mais détenteur de grands pouvoirs, sérieux et naturellement bon, il est un ardent défenseur de la paix et a influencé des générations de petits japonais.

« À la fin de la guerre, en 1945, le Japon était ruiné. Les enfants n’avaient rien à manger. En 1952, ils ont découvert Astro Boy et les mangas de Osamu Tezuka. Astro Boy a alors apporté au pays une dose d’espoir et d’énergie impensable. Les enfants se sont remis à rêver. Astro Boy a influencé de nombreux futurs concepteurs de robots. Moi le premier ! » a déclaré à son sujet Tatsuya Matsui, créateur des robots humanoïdes, « Posy » et « Palette ».

La genèse d’une exposition…

Marc Atallah, le directeur de la Maison d’Ailleurs, souhaitait depuis longtemps mettre sur pied une exposition sur le manga de Science-Fiction. Mais quel fil rouge utiliser pour faire comprendre un phénomène qu’on perçoit trop souvent de manière stéréotypée ? C’est en discutant avec le graphiste vaudois Pierre Keller qui lui parle d’un artiste « incroyable », Tadamori Yokoo, que l’idée lui vient de créer un dialogue entre le pop art japonais (avec Tadamori Yokoo) et le manga (avec Osamu Tezuka). N’ont-ils pas tous les deux et à leur manière, réinventé une esthétique « d’après-guerre » en utilisant les codes de l‘occident et le traumatisme de la bombe atomique ? Sachant que cette esthétique a participé à la construction d’une nouvelle identité pour les japonais… et par ricochet pour nous-mêmes.

« C’est une exposition pour éclairer le Japon et qui nous sommes aujourd’hui » conclut-il car l’exposition est ainsi l’occasion de réfléchir à la question de l’identité et du syncrétisme esthétique.

Les négociations ont été longues mais Marc Atallah s’est rendue plusieurs fois au japon, tissant ainsi des liens d’amitiés et de confiance forts qui vont décider ses interlocuteurs à lui confier les originaux qu’il demande… et qui sont exposés pour la première fois en Suisse, pour notre plus grand bonheur !

Musée d’Ailleurs

Musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyageurs extraordinaires

place Pestalozzi 14

1401 Yverdon-les-bains

www.ailleurs.ch

Exposition ouverte jusqu’au 30 Avril 2017

du mardi au dimanche : 11h-18h

Nicolas de Staël Agrigente, 1954 Huile sur toile, 60 × 81 cm Collection particulière/ courtesy Applicat-Prazan, Paris Photo Annik Wetter © 2023, ProLitteris, Zurich