Que de beaux concerts de jazz au Victoria Hall de Genève en 2016 ! Rencontre avec celle qui les organise: Elisabeth Christeler

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Depuis des années, les plus grands noms du jazz viennent illuminer nos soirées jazz au Victoria Hall de Genève. Mais qui est capable d’attirer dans notre cité à la fois Keith Jarret, Ahmad Jamal, DD Bridgewater et même dernièrement Ibrahim Maalouf? Il y a une femme aux magnifiques yeux vert-gris derrière cela, c’est Elisabeth Christeler que nous avons eu le plaisir de rencontrer au siège de sa société Prestige Artists. Elle a bien voulu répondre à nos questions de sa voix douce teintée d’un léger accent autrichien.

BTL: Pouvez-vous nous conter l’histoire de Prestige Artists ?

EC: L’organisation de concerts est le fruit de ma rencontre avec le pianiste William Naboré et ma volonté de mettre à profit mes compétences acquises à gérer le Choeur Universitaire de Genève. Le tout premier artiste jazz que nous avons invité fut Keith Jarret en 1991 et ce fut un triomphe. J’ai ensuite continué seule en me spécialisant dans l’organisation de concerts Jazz exclusivement puis me suis alliée en 1996 à Johannes Vogel de All Blues en Suisse Alémanique. Cette collaboration nous permet de faire venir des artistes pour un minimum de deux dates, voire même d’organiser des mini-tournées en Suisse, de partager et d’échanger nos idées et de rationaliser les coûts. Mes soirées jazz sont les seules à proposer un artiste unique par soir et ce dans une salle de concert classique avec les meilleurs pianos possibles, c’est ce qui nous distingue de l’offre des festivals de Jazz.

Elisabeth Christeler & Melody Gardot

BTL: Comment faites vous le choix de votre programmation ?

EC: Mon choix de programmation est dicté par deux composantes principales: j’estime tout d’abord avoir le devoir de présenter au public les légendes vivantes du Jazz, j’ai ainsi fait venir pour ne citer que quelques exemples Chick Corea, Michel Petrucciani, Ahmad Jamal, Nina Simone et même Abdullah Ibrahim.. mais aussi de promouvoir la nouvelle génération, les étoiles montantes, quitte à prendre des risques comme ce fut le cas avec un artiste de talent Sarah McKenzie qui remplaça cet automne au pied levé Cassandra Wilson. Les artistes adorent tous venir au Victoria Hall, pour son acoustique exceptionnelle bien-sûr, mais aussi pour son décor, son ambiance,  l’éclairage de l’orgue, sans oublier le public particulièrement communicatif, réceptif, expressif et aussi enthousiaste. C’est ce qui fait des soirées jazz  du Victoria Hall des moments exceptionnels.

BTL: Votre pire et/ou meilleur souvenir ? 

EC: Pour le pire je préfère évoquer cette anecdote: Avant sa transformation en 2006 la scène du Victoria Hall présentait une légère pente de 3% de dénivelé. Les artistes classiques s’en accommodaient avec des cales sous le tabouret ou le piano. Keith Jarret lors des répétitions en début d’après midi découvre la pente et refuse de jouer le soir même si l’on n’y remédiait pas. Grâce au talent des ateliers de la ville de Genève, nous avons pu faire construire en quelques heures un « podium égalisateur » pour le satisfaire, qui servit d’ailleurs par la suite à de nombreuses occasions au Victoria Hall. Keith Jarret m’en a voué un profond respect par la suite. Un des meilleurs souvenirs, car il y en a beaucoup, est sans doute celui de ma rencontre avec le merveilleux pianiste Ahmad Jamal qui parcourt le monde et rencontre de nombreuses personnes. Mais il est capable de se souvenir d’une expression particulière que je lui avais dite 4 ans auparavant, un vrai humaniste d’une grande modestie.

Les prochains concerts à ne pas rater:

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Sophie Durouchoux, janvier 2016