Difficile de choisir quel film offrir ? La sélection officielle de Philippe Corsain
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« Nos meilleures années » de Marco Tullio Giordana
« Le goût du saké » de Yasujirō Ozu (pour pleurer de bonheur)
« Mommy » de Xavier Dolan
« Notre petite soeur » de Hirokazu Koreeda
« Baisers volés » de François Truffaut
« Frantz » de François Ozon
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C’est l’histoire d’un amoureux qui débarque à Genève et décide de concilier sa passion pour le 7ème art et sa vie personnelle en fondant la librairie du cinéma.
Philippe Corsain est le propriétaire de cet endroit unique à Genève, ou plutôt son animateur car ce lieu ressemble davantage à une cinémathèque puisqu’on y trouve tous les éléments qui entourent la magie du cinéma : affiches, CD, livres, DVD, il y en a pour tout le monde, des plus petits avec une collection de films pour la jeunesse (Heidi, C’est pas sorcier) aux plus grands.
Pourquoi créer une librairie du cinéma ? « Parce qu’ici, il n’y avait rien » nous raconte ce diplômé de l’ESEC (Ecole Supérieure d’Études Cinématographiques) qui se destinait à une carrière d’assistant producteur et qui pensait vivre ainsi entre deux tournages. Mais il se rend compte rapidement que loin de Paris, on l’oublie et le cinéma suisse est inexistant. Il fonde alors en 1981 sa première librairie, rue de Lyon. Succès total. « La belle époque » se remémore-t-il avec un brin de nostalgie. C’est le temps de la sortie de films comme « Garde à vue » de Claude Miller, « Les chariots de feu » de Hugh Hudson, « Les aventuriers de l’arche perdue » de Steven Spielberg, « Etoile du nord » de Pierre Granier-Deferre ou encore « Pink Floyd – The Wall » d’Alan Parker…
La boutique devient rapidement trop petite et au bout de 3-4 ans, il s’installe à son adresse actuelle, rue de la Terrassière.
Chez lui, attention trésors ! On trouve tout ce qui a un lien avec le cinéma : affiche, cartes postales, livres, DVD, clap de tournage, statuettes des Oscars… Mais les temps ont changé.
Le marché de l’affiche a pratiquement disparu, notamment avec l’explosion de la monétisation des droits. Nostalgie… Qui n’a jamais eu dans sa chambre l’affiche grande taille d’« Apocalypse now » ou d’« Autant en emporte le vent « ? Philippe Corsain en propose encore…
Quant aux livres, c’est lui qui les choisit. La meilleure vente ? « Le bouquin « Hitchcock/Truffaut » ou l’entretien entre ces deux grands du cinéma. D’ailleurs, ils ont retrouvé un film de cette leçon de cinéma et l’ont mis sur DVD l’an dernier.
Il vendait également les musiques de film en 33 tours, puis en mini-cassette, puis en CD… « Mais j’arrête, ça n’intéresse plus personne. Il n’y a plus de grandes musiques de films » déplore-t-il tout en admettant que le marché s’est aussi écroulé avec le téléchargement.
Et « La La Land » qui vient de sortir ? « Là, je ne dis pas, car Damien Chazelle sait créer des surprises » reconnaît celui qui savoure à l’avance ce nouvel opus du réalisateur de Whiplash qui a fait appel au compositeur Justin Hurwitz.
Et les films ? « Ça m’a tout de suite réussi car au début des années 80, c’était la première fois qu’on pouvait voir un film à la maison. Revoir « Les enfants du paradis », quel bonheur ! Ce fut aussi le début d’une nouvelle industrie avec les Beta film, puis les VHS, les DVD et enfin les Blu-Ray »
Aujourd’hui, il existe deux marchés : celui des nouveautés qu’on peut facilement trouver chez les grands distributeurs (Fnac, Amazon, Migros) et celui des grands cinéastes (Fellini, Woody Allen, Lelouche) qui sont introuvables dorénavant sur les circuits classiques. Et sa spécialité, c’est celle-ci car il faut connaître le cinéma pour pouvoir conseiller ceux qui viennent ici pour constituer leur cinémathèque, redécouvrir les grands réalisateurs. « Ah, un bon Chabrol, un bon Godard. Ou « Parfum de femme » de Dino Risi !» nous cite-t-il avec gourmandise.
Car des passionnés, il y en a toujours. Et de plus en plus reviennent. « Depuis 30 ans, je connais le catalogue de tous les éditeurs. Sans cette mémoire, ce n’est pas possible. Comment choisir aujourd’hui au milieu des millions de films qui existent ? Si vous n’y connaissez rien, ce n’est pas possible ». Au-delà du cinéma européen ou américain, il existe également un cinéma japonais, coréen ou égyptien, plus confidentiels mais tout aussi extraordinaires. Et ces films, on ne peut les trouver que chez lui. La télévision ne produit plus des émissions comme « le cinéma de minuit » ou « la dernière séance ».
Bien sûr, il regrette que la jeunesse ait disparu de sa clientèle et se contente le plus souvent de suivre des sagas ou de voir des films en streaming, de mauvaise qualité, avec un mauvais son… et sans tous les bonus qui donnent souvent un éclairage précieux du film, scènes coupées au montage, interview, etc.
« J’ai pensé fermer il y a 5-6 ans et puis… Les passionnés reviennent depuis 3 ans. Il existe toujours un noyau dur qui va au festival Black Movie de Genève, au cinéma Grütli ou au Ciné 17. Qui s’enthousiasme toujours pour « La belle équipe » ou « Le bateau ». Mais la nouvelle génération, je ne la vois pas vraiment » nous dit-il, un peu fataliste. Et même s’il est épaulé par un jeune vendeur, il se veut pragmatique : « il faut être passionné car on ne fait pas ça pour de l’argent Et la passion, après toutes ces années, est toujours là !».
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