[av_post_meta]

Les Nuits des Bains

Les 17 mars, 19 mai et  15 septembre 2016, dès 18h

Trois fois dans l’année, le quartier des Bains devient le lieu de rendez-vous de milliers de visiteurs intéressés par l’art contemporain. Les galeries ouvrent leurs portes pour un vernissage commun et la foule passe de l’une à l’autre à la découverte des œuvres exposées, tout en bénéficiant des explications souvent indispensables des galeristes. Le MAMCO et le Centre d’art contemporain participent aux soirs de vernissage communs en ouvrant leurs portes au public.

www.quartierdes

bains.ch

Il y avait juste quatre murs, pas encore de directeur, mais Françoise Ninghetto était déjà présente dès le début de l’aventure artistique du MAMCO, Musée d’Art Moderne et Contemporain, situé dans le quartier des Bains à Genève.

Rencontre avec la directrice-adjointe et conservateur en chef, une femme discrète… « Ce sont les actes qui comptent » !

Née en 1947 dans le Valais, Françoise Ninghetto ne garde que peu de souvenirs de son canton d’origine, ses parents ont poursuivi leur chemin en s’installant à Genève. D’un père italien et d’une mère suisse, elle est aussi à l’aise dans la langue de Dante Alighieri que dans celle de Voltaire. Cette double culture, elle la vit comme « une grande chance, qui me permet de voir les choses différemment, d’être plus mobile ».

F.Ninghetto Mamco

BTL : L’art contemporain, une passion ?

Françoise : Une évidence depuis l’enfance ! Après des cours de danse classique, à l’époque une activité incontournable de petite fille, je me suis vite orientée à l’adolescence vers la danse contemporaine, attirée par un des maîtres de cet art Merce Cunningham qui a révolutionné ce milieu. Deux rencontres également ont été décisives, l’une vers 17, 18 ans, à l’école secondaire avec mon professeur en Histoire de l’art, une femme passionnante, avec un déclic  lors d’un voyage à Rome. L’autre, au cours de mes études de Lettres à l’Université de Genève, il s’agit de mon professeur en Histoire de l’art contemporain, Maurice Besset. Il fut conservateur du Musée National d’Art Moderne à Paris situé dans le centre Georges Pompidou et du musée de Grenoble, un homme très cultivé qui aimait partager, un maître pour moi. A l’époque, c’était juste une option, avec lui c’est devenu une passion, des découvertes permanentes et des voyages enrichissants.

BTL : Votre parcours professionnel ?

Françoise : Une chance de trouver un emploi très rapidement au Centre d’art Halle Sud, anciennement situé aux Halles de l’Île, qui a ouvert ses portes en 1984. Un centre d’actions culturelles en complément du Centre d’Art Contemporain et du musée Rath avec une dizaine d’expositions par an et une grande place réservée aux artistes genevois. Malheureusement par manque de budget, il fut fermé en 1990, mais avec un autre projet, celui de créer un nouveau musée d’art moderne qui deviendra le MAMCO. J’en ai profité pour m’accorder une petite période de transition de 4 ans, pendant laquelle j’ai écrit, avec un statut d’indépendante, des articles sur l’art pour la Tribune de Genève, un moyen de concilier deux penchants, l’un pour l’écriture et l’autre pour les voyages. J’ai appris ainsi à « voir » avec un œil différent, une autre attention.

BTL : Et les débuts au MAMCO ?

Françoise : C’est une longue histoire, puisque je faisais partie de l’association des amis du Musée qui a lancé le projet, choisit le bâtiment puis le conseil de Fondation a recruté le futur directeur Christian Bernard qui m’a embauchée au printemps 1994, le MAMCO a ouvert le 22 septembre. Je dois dire que j’ai toujours eu de la chance dans ma vie, la chance des belles rencontres et d’être là au bon moment et au bon endroit.

C.Bernard Mamco

BTL : Le MAMCO, c’est votre bébé ?

Françoise : Oui, on peut le dire, en plus je n’ai pas d’enfant. On l’a crée intuitivement avec une petite équipe composée de personnes venant d’horizons différents, mais qui se sont très bien entendues et c’était un plaisir de travailler avec Christian Bernard. On a tout fait, car il n’y avait rien au départ sauf les 60 œuvres données par l’association des amis. Christian Bernard a eu l’idée de demander des œuvres en dépôt à long terme sur 5 ans auprès de prêteurs. On a travaillé avec ces œuvres comme si c’était nos propres collections. Puis on a eu des donateurs, des dons d’artistes…

BTL : Comment se fait le choix des collections et des artistes ?

Françoise : Le choix des collections dépend des circonstances, de la disponibilité des artistes, de la période, de l’adaptabilité par rapport au bâtiment. Cela nous demande parfois un effort d’acceptation car par goût personnel, on n’irait peut-être pas forcément vers telle œuvre ou tel artiste, mais le fait de se poser des questions, d’accepter la découverte, c’est souvent une révélation qui nous oblige à travailler davantage le sujet. A un certain moment, on se dit c’est le bon moment et on fait l’exposition et là, j’aime entendre les réflexions du public qui sont souvent très pertinentes ou même pendant le montage, la réaction des équipes de maintenance… Le regard  non averti est plus direct, plus spontané, j’aime beaucoup.

BTL : Des souvenirs d’expositions ?

Françoise : La 1ère exposition  à l’ouverture du musée, une pure merveille, celle de Tony Smith, un américain né dans le New Jersey, souvent cité comme le pionnier de la sculpture minimaliste américaine. J’ai eu aussi un immense plaisir à travailler avec  l’artiste né à Genève, John Armleder. Et puis, l’exposition de Tatiana Trouvé, une plasticienne italienne, qui travaille à Paris. Elle a occupé le MAMCO sur deux étages en 2014, c’était formidable.

BTL : Des rencontres ?

Françoise : Bien sûr, de belles rencontres comme avec Michael Snow, artiste né au Canada, une figure majeure de l’art contemporain canadien de l’après-guerre à nos jours. Sarkis, de son vrai nom Zabunyan, né à Istanbul qui vit et travaille à Paris. Mais il y en a tant d’autres… Denis Savary, tout jeune artiste suisse, sorte de conteur, qui transforme le matériau existant pour en faire sa propre histoire.

Denis Savary Mamco

BTL : Mais toujours beaucoup de discrétion !

Françoise : C’est le directeur qui porte la parole et incarne l’institution qu’il dirige et,  derrière lui,  il y a moi et toute l’équipe. On est là « pour bétonner »,  un musée sans une équipe ça ne marche pas ! L’équipe est toujours fidèle depuis les débuts, Valérie Mallet, notre secrétaire générale, Sophie Costes qui est là depuis 1997, conservatrice responsable des collections du musée et aujourd’hui tous les jeunes qui sont très actifs. Le noyau de base, c’est une équipe de femmes  résistantes dans la durée et au stress.  Une femme ressemble à un coureur de fond, elle a de nombreuses ressources.

BTL : D’autres fonctions ?

Françoise : Oui, depuis 8 ans et jusqu’à la fin de cette année, je suis présidente de la commission artistique en charge des candidatures à l’Institut Suisse de Rome, située non loin de la Villa Médicis. 10 artistes de moins de 40 ans sont ainsi  accueillis chaque année. Une belle mission.

BTL : Le week-end ?

Françoise : Aller voir des spectacles de danse contemporaine, j’ai arrêté seulement vers 40 ans et je suis toujours passionnée. J’ai vu le dernier spectacle Dance de Lucinda Childs au BFM, à Genève, en février dernier et le lendemain,  elle est venue visiter le MAMCO, pour moi, c’était un cadeau de la vie. Et puis, je vais très souvent au cinéma, nous n’avons pas de télévision à la maison, ce n’est pas un manque, mon mari est cinéphile, c’est sa passion.

Dance Mamco

BTL : Une adresse de restaurant sur Genève ?

Françoise : J’aime bien sûr la cuisine italienne mais aussi japonaise et la bonne cuisine française. Sur Genève, j’ai découvert la Bottega, rue de la Cité, mais à côté du MAMCO, j’aime aller au 15, au Café des Bains ou à l’ Echalotte qui n’est pas très loin.

BTL : Et demain ?

Françoise : Je quitte mon poste vers l’été, je vais reprendre l’écriture que j’avais laissée tomber, écrire des nouvelles, ça détend, c’est bref, concis. Continuer les voyages et voir des expositions, bien que la carte du monde se rétrécisse avec les aléas géopolitiques, aujourd’hui, on hésite sur les destinations, mais j’aime aller à la rencontre de l’autre et d’autres modes de pensée.

LE MAMCO… En quelques mots

Le MAMCO  a ouvert ses portes le 22 septembre 1994 dans une ancienne usine désaffectée acquise par la Ville de Genève et s’adresse à tous les publics qui souhaitent s’informer sur l’art contemporain. On flâne dans le musée à la rencontre des œuvres et des artistes travaillant sur l’art essentiellement des quarante dernières années. Le MAMCO, c’est à ce jour, une collection de 3 000 œuvres dont plus de 1300 appartiennent au musée et plus de 300 expositions. C’est le plus grand, le plus jeune et le plus contemporain des musées d’art en Suisse avec une préférence marquée pour des expositions temporaires nombreuses, diversifiées et une attention régulière aux scènes genevoises et suisses.

Actuellement au MAMCO, jusqu’ au 1er mai 2016 – trois artistes – trois univers qui oscillent entre tragique, burlesque et poésie singulière…

Bruno Pélassy Mamco1

Bruno Pélassy

Marnie Weber Mamco 2

Marnie Weber  – Once Upon a Time In Forevermore

Emilie Parendeau Mamco1

Emilie Parendeau- ça m’inquiète toujours ces sirènes – Prix culturel Manor 2016

MAMCO

Musée d’Art Moderne et Contemporain

Rue des Vieux-Grenadiers, 10

1205 Genève, Suisse

tel: +41 22 320 61 22

www.mamco.ch

du mardi au vendredi: 12h-18h

1er mercredi du mois: 12h-21h

samedi & dimanche: 11h-18h