Mai 2018 –  Sacha Després

Certes, Cendrillon était une jeune fille serviable. Radieuse et bienveillante en toutes circonstances, aussi bien en haillons que perchée sur des talons. Un jour, la bonne fée lui a permis d’aller au bal. Extase. Cendrillon a donc largué la marâtre et ses deux pestes de filles sorties de ses entrailles, pour aller danser avec un m’sieur bien sous tout rapport (il paraît). Ce que l’histoire ne dit pas, c’est dans quel état se trouvaient les pieds de la demoiselle après avoir valsé toute la nuit. Alors oui, l’hallux valgus (ou l’oignon), n’est pas très sexy ni franchement féerique. Imaginez un instant : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants, malgré les pieds difformes de maman. » Pas top, en effet. Laissons donc les princesses de côté Mesdames et tentons, ensemble, de raisonner.

Comme nous ne sommes pas des spécialistes de la traumatologie orthopédique, cette publication a été réalisée avec la collaboration éclairée du Dr Delmi Marino, chirurgien à la clinique des Grangettes – Genève

Les 4 et 6 octobre 2018

Dr Delmi organise le

12ème Congrés International

Genève

l’EFAS

European Foot and Ankle Society

cecilecooks

Que se passe-t-il quand on porte des talons hauts ?

D’abord, ça fait mal. Simple, basique (comme disait l’autre). Les talons hauts sont souvent associés à des bouts pointus. Je vous défie de trouver des Louboutin avec un avant-pied très large, ça n’existe pas (heureusement, on n’a pas toutes les moyens de s’en offrir une paire.)

Au delà de 5 cm de talons portés quotidiennement, les ennuis commencent. La pression sous l’avant-pied augmente, le pied glisse vers l’avant, se resserre inéluctablement. Et pendant que le gros orteil dévie de sa base poussée vers l’extérieur, le petit orteil se recroqueville vers l’intérieur pour former un avant-pied pointu. Résultat : déformations angulaires des os, poches inflammatoires ultra-douloureuses, orteils « en marteau » ou « en griffe », « Bunionette » et autres réjouissances du même genre.

En bref, Cendrillon a souffert pour être belle (comme toutes les petites filles de bonne famille) et s’est bien gardée de nous le dire. Tout comme les chinoises de la haute société, dont les pieds ont été martyrisés pendant des siècles de tradition monstrueuse qui leur bandaient les pieds. Briser la voûte plantaire pour « faire riche », quelle bonne idée ! Les autres femmes, celles qui n’avaient pas eu le privilège de bénéficier d’un tel traitement allaient bosser aux champs. Sympa.

Retrouvez Sacha Després sur son blog

Revenons à nos moutons, enfin, nos talons. En plus de s’infliger (ou se voir infliger) de tels tracas, les variations de poids et les modifications hormonales, notamment avec les grossesses, causent également pas mal de dégâts. Les chiffres en témoignent : 80 % des femmes de 70 ans ont ou ont eu des problèmes de pieds. Après les grossesses, les tendons et les ligaments se détendent, comme tous les tissus du corps. Il n’est pas rare de voir une femme prendre une demi-pointure après chaque accouchement. Forcément, le poids change, l’appui sur le pied augmente et donc le pied s’étale et s’allonge. Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule …

Que se passe-t-il à l’arrière du pied ?

Porter des talons hauts sur une période prolongée entraîne une rétraction de la musculature au niveau du mollet. À cause de la position que nous adoptons et de la recherche constante d’équilibre sollicitant sans cesse nos muscles et nos tendons, d’autres pathologies font leur apparition : tendinopathie au niveau du genou, de la hanche et du dos. Un joyeux mélange qui s’accentue avec l’âge et s’aggrave si des étirements ne sont pas faits régulièrement.

Des solutions ?

Si l’idée de jeter toutes vos godasses à la poubelle vous paraît excessive (idée à laquelle je souscris), les chirurgiens spécialisés nous conseillent de porter, dans l’idéal, un talon de 2,5 cm avec un soulier qui propose une déformation mineure du pied (merci Messieurs) Pour le quotidien, on évite le plus possible les sandales à talons (enfer et damnation du peton) et les talons de plus de 4 cm pour travailler ou changer les couches du petit dernier.

En conclusion Mesdames, c’est soit le stretching et les talons XS, soit la chirurgie clinique. Il est bon de savoir, tout de même, que toutes les déformations sont opérables. On peut aujourd’hui remettre nos pieds dans le droit chemin. À la bonne heure ! Mais il nous appartient, à nous les femmes qui se veulent « libres », d’en prendre soin. Ainsi, l’avenir nous appartient.

Sacha Després – Claire-Alice Brenac

Chemin des Grangettes 7
1224 Chêne-Bougeries – Genève
CH – Suisse

Tél.: +41 22 305 06 11

Publication réalisée avec la collaboration du Dr Delmi Marino, chirurgien orthopédique à la clinique des Grangettes – Genève