Sonia Jebsen – Avril 2019
Une fois de plus, la Fondation Baur nous présente une exposition très esthétique. Un hymne à la mode du temps des Années folles, fortement inspirée par le vent d’orientalisme qui souffle alors sur l’Europe depuis la fin du XIXe. Une vague venant du Japon et de Chine, sur laquelle ont surfé la plupart des artistes et des créateurs de l’entre deux guerres. De la folie, de la légèreté, de l’insouciance, de la liberté, les hommes et les femmes de cette époque en ont grand besoin pour tenter d’oublier : Carpe Diem dans la tête et dans le corps.
Visite en compagnie de la conservatrice et commissaire d’exposition, Estelle Niklès van Osselt.
« Notre principale mission est de mettre en valeur les collections du Musée. Notre important fond de textiles asiatiques en fait partie, c’est l’idée de départ de cette exposition ».
La plupart des pièces ont été acquises par le fondateur, Alfred Baur, durant ses voyages. Et ce, en réponse à l’engouement de son épouse pour la mode asiatique. D’autres, comme des kimonos et costumes de théâtre chinois (début XXe) ont été généreusement légués en donations par des particuliers. Ce sont de véritables créations d’artisans d’art précieuses et délicates qui vous sont dévoilées.
Il aura fallu une année à l’équipe pour écrire la belle histoire de l’influence des textiles chinois et japonais sur la mode des Années folles.
“Ce fut un réel plaisir de chercher les connexions entre nos pièces textiles et les illustrations de l’époque par les couleurs, les motifs, les formes, broderies…” nous confie Estelle Niklès Van Osselt.
Chaque salle, chaque vitrine fait dialoguer entre eux des textiles et des dessins de créateurs, comme le français Paul Poiret, et des illustrateurs de mode comme Georges Lepape, ou Barbier. A noter la forte influence de l’estampe japonaise sur ces “pubs” de mode! Ces reproductions agrandies proviennent en partie de la bibliothèque d’art et d’archéologie de Genève. Et d’autres, de recherches effectuées « online ». De nombreux magazines de mode de l’époque, Harpers Bazaar, Vogue, La Gazette du Bon ton sont accessibles sur le web. N’hésitez pas à lire les légendes, les commentaires sur les illustrations, teintées d’humour et de poésie.
« Le kimono, par ses lignes fluides, permet de libérer complètement la femme de son corset, un pas de plus dans ce processus d’émancipation débuté avant la première guerre »
Les couturiers de l’époque (Poiret, Madeleine Vionnet, Elsa Schiaparelli…) l’ont bien compris. Ils s’inspirent à l’infini du kimono japonais, et du costume chinois (tunique/jupe/pantalon). “Les japonaises ne portent pas de bijoux, pas de boucles d’oreilles ni de colliers à cette époque… Leur kimono leur sert d’ornement, idée essentielle, reprise par les couturiers parisiens de cette période”. Les créateurs de mode incrustent, dans la soie, le velours, et autres, des fils d’or, des broderies, des perles, des sequins!
“Il y a également des influences de formes, de matières, des associations de couleurs, de motifs”.
Cette exposition célèbre la soie, cette matière noble, naturelle, originaire de Chine. Nous avons été émerveillées par la multitude de coloris, de techniques, d’ornementations sur cette matière (broderie biface, ikat, tissage au fil laqué..). La tunique, le pantalon, la jupe large, plissée portés par les chinois entrent dans les gardes robes des femmes. Ne vous y trompez pas, elles ne perdent rien en féminité car ces habits masculins sont agrémentés de bijoux, de plumes, de fourrures.
Vous découvrirez tout au long de votre visite de nombreux objets de décoration : ici un paravent, là une commode, des laques, et même une cage rapportée de Chine par Estelle Niklès van Osselt! Asia Chic, la mode toute en élégance, toujours dans l’air du temps.
Asia Chic
8, rue Munier-Romilly
1206, Genève, Suisse
Mar – Dim : 14h – 18h
tel : +41 (0) 22 704 32 82
mail : musee@fondationbaur.ch