Michelle Pfeiffer dans « French Exit »
Virginie Hours – août 2021
Le cinéma du mois d’août nous offre des portraits passionnants de femmes. Elles sont courageuses, égoïstes, visionnaires…
Bythelake vous en propose une petite sélection à travers deux comédies (C’est la vie et French Exit), un drame (This is not a burial, it’s a resurrection), un thriller (Rouge) et un film d’époque (Eiffel).
Mary Twala Mlongo dans «This is not a burial, it’s a Resurrection»
« C’est la vie » de Julien Rambaldi
Avec Josiane Balasko, Nicolas Maury, Alice Pol, Léa Drucker, Florence Loiret-Caille et Youssef Hajdi
Sortie en France et en Suisse romande : 28 juillet 2021
« C’est la vie », une comédie bien pensée sur l’accouchement
C’est le dernier jour de travail de la sage-femme Dominique (une Josiane Balasko tout en retenu), avant son départ à la retraite. On lui assigne un jeune obstétricien tout frais et sûr de lui (Nicolas Maury, bien connu depuis la série 10 pour cent). Cinq femmes très différentes vont alors se présenter à la maternité pour accoucher…
Sur un thème archi-connu, Julien Rambaldi nous propose une comédie chorale bien pensée et équilibrée. Avec doigté, il sait garder un rythme alliant émotion, clin d’œil et comique (excellente course contre la montre de David Marsais). Grâce à un casting très large, il nous régale aussi d’une brochette d’excellents acteurs que l’on a plaisir à retrouver comme Léa Drucker et Florence Loiret-Caille (Le Bureau des légendes) ou Julia Planton (qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?). A travers les cinq figures de couples, il nous offre aussi incidemment une réflexion sur la paternité et le lien filial.
Le film a obtenu le prix du public au Festival de Cine Francés de Málaga en 2020. Bref, une belle surprise de l’été !
« French Exit » d’Azazel Jacobs
Avec Michelle Pfeiffer et Lucas Hedges
Sortie en France : 17 juin 2021 (VOD)
Sortie en Suisse romande : 11 août 2021
Sortie en Suisse alémanique : 19 août 2021
« French Exit », tout pour Michelle Pfeiffer
Frances Price (Michelle Pfeiffer), riche et célèbre femme New-Yorkaise, apprend qu’elle est en faillite. Sur les conseils d’une amie, elle décide de se rendre à Paris en compagnie de son fils Malcom (Lucas Hedges) et de son chat noir…
La première curiosité de ce film, c’est que le scénariste Patrick DeWitt est lui-même l’auteur du livre dont l’histoire s’inspire (publié chez Acte Sud en 2020). Et il est toujours intéressant d’apprécier comment un écrivain adapte son oeuvre au cinéma. La deuxième curiosité, c’est la grande Michelle Pfeiffer qui nous offre un magnifique portrait d’une femme égoïste et excentrique. Elle enchantera ses inconditionnels. Pour ce rôle, elle a reçu le Canadian Screen Awards de la meilleure actrice et a été nommée également pour le Golden Gloves 2021. En dehors de ces deux points, le film déçoit. Lucas Hedges reste falot mais on ne sait pas si c’est son rôle ou si c’est son jeu. Le film oscille entre comédie noire et absurde, sans réel souffle et sans qu’on sache vers quel but tend le réalisateur.
C’est dommage.
« Rouge » de Farid Bentoumi
Avec Zita Hanrot, Sami Bouajila, Céline Sallette
Sortie en France : 11 août 2021
Sortie en Suisse romande : 18 août 2021
« Rouge », un sujet pas si simple
Suite à une erreur professionnelle, Nour (très convaincante Zita Hanrot) quitte son travail à l’hôpital pour être engagée comme infirmière dans l’usine chimique où travaille son père. Celui-ci (Sami Bouajila tout en retenu) est délégué syndical et figure morale de l’entreprise. Mais peu à peu, elle comprend que sa présence sert uniquement de faire-valoir et elle va enquêter sur les rejets de l’usine et leur impact sur l’environnement et la santé des employés.
Après le très attachant « Good luck Algeria », Farid Bentounmi nous emmène de nouveau en Isère avec son film « Rouge ». Si le thème peut paraître banal, dans la lignée d’autres réalisations comme « Erin Brockovich », Farid Bentoumi sait déjouer les écueils en refusant tout manichéisme. A travers l’affrontement entre le père et la fille, il nous montre combien la notion d’intérêt commun n’est pas si facile à déterminer.
Un film salutaire.
« This is not a burial, it’s a resurrection » (l’indomptable feu du printemps) de Lemohang Jeremiah Mosese
Avec Mary Twala Mhlongo, Jerry Mofokeng Wa,
Sortie en Suisse alémanique : 24 juin 2021
Sortie en France : 28 juillet 2021
Sortie en Suisse romande : 25 août 2021 (décalée au 1er septembre 2021)
«This is not a burial, it’s a Resurrection», quand la colère est plus forte que la mort
« Le mot « progrès » blesse ma bouche » se plaint le chef du village lorsqu’on lui annonce la construction d’un barrage qui submergerait le village. Que faire face aux autorités ? Après la perte de son dernier fils, décédé dans une mine d’or d’Afrique du Sud, la vieille Mantoa (magnifique Mary Twala Mlongo) souhaitait disparaître elle aussi. Mais où serait enterré son corps si le barrage inonde la plaine ? Et que fera-t-on des corps des ancêtres qui sont enterrés aussi dans le cimetière ? Mantoa décide alors que son heure n’est pas encore arrivée et qu’elle doit se battre pour son droit. Car « les vivants ont le droit de vivre et les morts de dormir sur leur terre ancestrale ».
Présentée tout d’abord comme un conte que susurre un vieux sorcier dans une taverne, cette histoire émeut lorsqu’elle nous confronte au présent. Le réalisateur du Lesotho, Lemohang Jeremiah Mosese, promène sa caméra sur les visages, s’attache à la beauté du paysage. Lentement mais avec assurance, il nous partage la douleur de Mantoa de se retrouver seule, puis l’inquiétude des villageois face à une décision qu’on leur impose. Peu à peu, le visage digne et impassible de Mantoa devient la bannière derrière laquelle ils se retrouvent pour garder espoir.
Ce film magnifique a été récompensé à de nombreuses reprises et notamment par le prix spécial du Jury au Sundance Film Festival en 2020. Il a également été nominé pour l’oscar du meilleur film étranger en 2021.
« Eiffel » de Martin Bourboulon
Avec Romain Duris et Emma Mackey
Sortie en France et en Suisse romande : 25 août 2021 (décalée au 13 octobre 2021)
Sortie en suisse alémanique : 16 septembre 2021 (décalée au 18 novembre 2021)
« Eiffel » ou les passions de Gustave
En 1884, Gustave Eiffel (Romain Duris) a achevé l’ossature métallique de la statue de la liberté qui est transportée par bateau à New-York. Il est au sommet de sa carrière. Il est alors contacté pour imaginer un monument qui serait présenté lors de l’exposition universelle organisée à Paris en 1889, et ferait oublier la défaite de Sedan et la perte de l’Alsace-Lorraine. Gustave Eiffel rechigne jusqu’à ce qu’il croise par hasard Adrienne Bourgès (Emma Mackey), un amour de jeunesse. Ces retrouvailles vont l’inciter à proposer la construction en plein Paris d’une tour de 300 mètres…
Romain Duris campe avec aplomb un parfait Gustave Eiffel, ambitieux, bouillonnant, passionné et visionnaire. A travers lui, on découvre la personnalité d’un grand homme et la genèse de la conception de la fameuse tour. On suit avec intérêt les différentes étapes de sa construction avec ses difficultés techniques et politiques. C’est toute cette histoire palpitante qui soutient le film grâce également à une reconstitution minutieuse. Mais le réalisateur Martin Bourboulon a voulu croiser cette aventure technique et humaine avec l’aventure sentimentale qui lie Eiffel et Adrienne. Malgré la personnalité d’Emma Mackey, ces épisodes sont plus convenus et mornes.
Quoiqu’elle fasse, la vraie héroïne du film reste indubitablement la tour…