Sonia Jebsen – août 2021
L’art est devenu un bien incontournable pour la plupart des multinationales ou institutions financières. Ainsi se sont construites d’importantes collections à l’initiative d’un chef d’entreprise investisseur ou d’un curateur. Si votre profil n’est ni celui de Bernard Arnault, François Pinault ou autre Rockefeller, il existe un moyen très abordable pour accueillir de l’art dans vos bureaux : la location. C’est ce que propose le jeune duo suisse, Benjamin Roch et Maxwell Sauer, fondateurs de la société Stellart.
Le concept Stellart
Stellart sonne comme le nom d’une galaxie colorée qui sied à merveille à la start up.
Du haut de leur 22 printemps, les deux amis travaillent sur le concept depuis deux ans. Entre-temps, chacun a suivi son parcours entre études et stages en entreprise. Quel lien entretiennent-ils avec l’art ? Benjamin est au contact de l’art depuis son plus jeune âge grâce à un galeriste installé dans son village. Un jour, ce collectionneur veut arrêter son activité. Afin que les œuvres ne tombent pas dans l’oubli, l’idée de les proposer à la location à des sociétés germe dans leur tête. Par peur du conflit avec la famille du galeriste, ils ne donnent pas suite au projet sans toutefois abandonner le concept.
Depuis début 2021, le duo passe à l’action et Stellart voit le jour. “Notre souhait est d’aider les artistes, donc nous sommes partis en quête de talents dans la région lémanique”, dit Benjamin. Pour Maxwell, l’art est un apprentissage quotidien depuis la naissance de Stellart, “plus je vois, plus j’apprécie, plus je comprends la démarche artistique”.
Curieuse professionnelle, Sonia part toujours un appareil photo à la main, pour partager les beautés de la région ou sa passion pour l’art et les artistes.
Du côté des artistes
La prospection d’artistes se fait au travers des réseaux sociaux, vaste galerie d’art, ou de sites internet. Maxwell et Benjamin font une sélection sur la base de la qualité du travail, l’ originalité, et les dimensions des œuvres, plutôt grand format pour les murs des bureaux. Et de la couleur, beaucoup de couleurs pour dynamiser les esprits, générer des ondes positives. La rencontre avec l’artiste se déroule dans son atelier, le meilleur moyen de connaître l’humain, et créer la connexion. L’artiste demeure propriétaire de ses œuvres et peut les vendre si l’occasion se présente. Si une entreprise veut les exposer dans ses locaux, nous nous chargeons de la mise en place pour une durée de quatre mois. L’artiste est rémunéré mensuellement sur la base du nombre d’oeuvres choisies par l’entreprise.
Une belle sélection d’artistes peintres font partie du catalogue, tels que les peintres Séverine Marclay, Colette Jotterand, Paul Carrard ou Christine Meyer. La sculptrice Alexia Weill enthousiasmée par le concept a rejoint la team.
Du côté de l’entreprise
Au-delà du simple aspect décoratif de l’art, ses bienfaits dans le monde du travail sont légion. Pour illustrer ce propos, rien de mieux qu’une étude scientifique à l’appui, celle du Business Committee for the Arts créé en 1967 par… (est-ce une coïncidence) David Rockefeller. Autre source citée par Benjamin, une étude récente du British Journal of Psychiatry : fréquenter un lieu culturel une fois par mois réduit le risque de dépression de 48 %. l’art dans l’espace de travail agit comme un antidépresseur en quelque sorte. Au-delà du bien-être physique et mental des employés (dont un grand nombre de sociétés se soucie), les effets sont multiples. Citons la mise en valeur de l’environnement professionnel, l’augmentation de la productivité ou la réduction de l’absentéisme, essentiels à la bonne santé de l’entreprise en général.
La prospection de clients potentiels s’effectue grâce à Linkedin car l’accès aux décideurs est plus rapide.
Le coût de la location pour l’entreprise se base sur un tarif dégressif, avec un prix de 150 francs/mois pour le premier tableau. A noter que le prix des oeuvres à l’achat varie de 3’000 à 10’000 francs. Une exposition de 4 mois permet une rotation des toiles. Cette durée n’est pas choisie au hasard. En effet, il a été prouvé qu’au-delà de six mois, nous ne prêtons plus attention à l’art exposé et ses effets s’estompent. “Cette donnée permet un service efficace et dynamique pour l’entreprise sur le long terme” précise Benjamin.
L’actualité de Stellart
Quelques sociétés répondent déjà positivement à l’offre de Stellart. La jeunesse et le dynamisme des fondateurs plaisent aux entrepreneurs, d’autant plus si ces derniers ont la fibre artistique. Maxwell et Benjamin se projettent dans l’avenir avec une extension dans les autres cantons. Et au-delà des frontières, lorsque le concept aura bien pris racine en Suisse.
Stellart bénéficie du professionnalisme et de l’expertise de Muriel Favarger Ripert, active dans le domaine entrepreneurial et du réseautage. Sans oublier la participation du neuropsychologue Radek Ptak, responsable du Secteur de Neuropsychologie-Logopédie du Service de neurorééducation des HUG.
« On ne peut pas dire d’une œuvre d’art qu’elle soit inutile ; certes elle n’apporte rien qui réponde aux besoins matériels de l’organisme ; mais elle est un moyen de communication entre celui qui la crée et celui qui l’admire ; elle répond donc au besoin humain le plus spécifique : mettre en commun.»
(Albert Jacquard)
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