Sonia Jebsen – novembre 2021
Quand les millennials prennent les choses en main en matière d’art, attendez-vous à une mise en scène dérangeante, innovante, et au final bluffante ! Le collectif genevois B.o.cube frappe fort avec Réflexions/Réflections à la Fondation WRP.
La promenade immersive dans les oeuvres créées pour l’occasion vous révèle les applications des techniques digitales en lien avec l’art, le design et l’architecture, le dessin et la sculpture. Enthousiastes ou sceptiques, laissez-vous faire ! L’utilisation de vos portables est fortement recommandée.
L’exposition est visible jusqu’au 3 décembre prochain.
B.o.cube, un collectif qui fait bouger les codes
Pourquoi ce nom qui sonne comme une formule mathématique ? Tout simplement car le collectif réunit 3 complices : l’historienne de l’art Alice Bertherat, et deux architectes, Camille Bongard et Matis Barollier. Leur nom de famille commence par B, vous suivez ? Ayant grandi à Genève et étudié à l’étranger (New-York, Londres), le trio souhaite redynamiser la scène artistique locale, rendre l’art contemporain plus accessible et… mettre en valeur l’art digital grâce aux technologies immersives. L’exposition Réflexions/Réflections met en évidence leur intérêt commun pour l’art, l’architecture et le design à la Fondation WRP jusqu’au 3/12.
Curieuse professionnelle, Sonia part toujours un appareil photo à la main, pour partager les beautés de la région ou sa passion pour l’art et les artistes.
Les artistes et la réalité augmentée
En collaboration avec le Studio Untold Garden (basé à Londres et Stockholm), B.o.cube a conceptualisé une application permettant aux visiteurs de découvrir les œuvres en réalité augmentée d’artistes suisses et étrangers. Tous sont âgés de moins de 25 ans ! Quant au digital, ils sont nés dedans. Relever le défi de cette mise en scène était presque un jeu d’enfants. Partant d’une oeuvre physique unique, chaque créateur lui a associé son clone digitale. La sélection regroupe les designers Alex Sinh Nguyen et Gabriel Hafner basés à Lausnne, le sculpteur français Pierre Mérigot, le duo de CaMa. B (Bongard/Barollier), l’espagnole Caterina Miralles Tagliabue et le photographe chilien Pablo Silva.
Une exposition qui sort du cadre
Les apparences sont trompeuses, en témoigne l’accrochage on ne peut plus original proposé par B.o.cube. Sur les murs, suspendus au plafond ou sur socle, des cadres en bois doré mettent en lumière des… QR codes . Sortez vos téléphones ou vos tablettes, téléchargez l’application spécialement conçue pour l’exposition et laissez opérer la magie. Au-delà du cadre, les oeuvres prennent forme en trois dimensions. Elles vous invitent à les détailler sous toutes les coutures.
La dualité entre les représentations physique et numérique d’une même oeuvre génère des échanges constructifs sur les usages et le futur de ces médiums en perpétuelle évolution.
Teaser de l’exposition
Dans « Une journée à Genève », photo aérienne de Pablo Silva, les immeubles surgissent en 3D, la lumière du soleil apparaît. Le grand format réel est composée de 500 prises de vue, sa résolution extrême. Cette confrontation démontre les limites actuelles des technologies.
Au centre de l’expo se tient la sculpture en bois (3m de hauteur) de Pierre Mérigot. Trop grande pour l’installer chez vous ? Vous pouvez acquérir le marqueur pour 50 francs et la visualiser n’importe où, n’importe quand. Pensez-y collectionneurs débutants ! Puis , voici la fameuse chaise monobloc du designer D.C. Simpson. Cet objet iconique a inspiré une interprétation numérique bien troublante à Alex Sinh Nguyen et Gabriel Hafner. On y voit le designer assis dans une posture exprimant le désarroi : quelle est son implication dans les rouages de la société de consommation ?
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