Sonia Jebsen – juin 2025

Nous sommes ravies de vous présenter l’entretien avec l’artiste Sonja Schmid,   réalisé en collaboration avec iazzu.

Ce partenariat passionnant est dédié à mettre en lumière les artistes en comblant l’écart entre les régions germanophones et francophones de la Suisse et au-delà. En renforçant ces liens, nous visons à accroître la visibilité et à créer de nouvelles opportunités pour des talents exceptionnels.

Chaque mois, vous découvrirez les moments forts qui enrichissent la scène artistique et célèbrent ses voix remarquables. Restez connecté(e)s et profitez de la lecture !

Infos Bio

Née à Zürich en 1955

Elle vit et travaille à Bichelsee (Thurgovie)

École d’art de Wetzikon (2000-2003)

Formation continue dans des académies d’art en Europe auprès d’artistes renommés.
Résidences artistiques à Moscou et au Cap
Depuis 2001, elle enseigne la peinture et elle intervient comme conférencière dans des académies d’art

Elle expose en Suisse et à l’étranger depuis 1994, notamment à Barcelone, Moscou, Ferrare, Vérone, Bonn, Munich, Mannheim.

Sonia Jebsen : En visitant votre profil (site internet et réseaux sociaux), je suis attirée par vos peintures. Récemment, un nouveau matériau a fait son apparition dans votre travail : le plexiglas fluorescent. Comment en êtes-vous arrivée à ce choix ?

Sonja Schmid : D’une part, j’envisageais depuis un certain temps de créer quelque chose de complètement différent et je faisais des croquis en rapport avec cette idée. Un jour, un amie travaillant dans une entreprise de plexiglas m’a appelé pour me demander si je pouvais utiliser des morceaux restants. Je suis allé les voir, je les ai regardés, mais je ne savais pas trop quoi en faire. J’en ai pris une petite sélection, dont un support avec trois grandes ouvertures rondes. De retour dans mon atelier, alors que je réfléchissais à ces pièces en plexiglas, je me suis souvenu de mon carnet de croquis où j’avais déjà esquissé exactement une telle pièce allongée (support) avec trois grandes ouvertures. Cela a déclenché une nouvelle expérimentation, qui a abouti à mes nouvelles œuvres en plexiglas.

Curieuse de nature, autodidacte par choix, Sonia partage  sa passion pour l’art et les artistes situés en Suisse et en France voisine. Vous la rencontrerez sans doute déambulant dans des galeries, des musées, des espaces d’exposition ou des ateliers d’artistes, appareil de photo en main. Son but : diffuser les informations  par l’écriture, l’image et créer du lien entre les différents acteurs du monde de l’art de la région lémanique. 

Sonia Jebsen : A première vue, vos peintures ont peu en commun avec le travail sur plexiglass, nourri de transparence et de lumière. Est-ce exact ? Expliquez-nous le procédé d’utilisation de ce matériau.

Sonja Schmid : Regardez bien la présence constante des lignes dans mes oeuvres peintes ou sur plexiglass, là est le lien. Le passage à la soixantaine  m’a amené à réfléchir aux notions de cocon (dans le sens de la transformation, conversion), à la lumière et l’ombre, également représentées dans toutes mes oeuvres.

Du côté pratique, je commande des plaques de différentes couleurs adaptées à mes projets. Elles sont découpées dans l’entreprise pour conserver toute leur luminosité. Je travaille ensuite à la mise en forme des lignes avec du fil de fer et je fixe le tout sur un panneau à l’aide d’entretoises. Les petites vis sont peintes en noir, elles apparaissent également sur toutes mes œuvres en plexiglas.

Le profil de Sonja Schmid sur le site

iazzu

et sur l’application digitale 

Sonia Jebsen : Grâce au plexiglass fluorescent, vous créez des sculptures lumineuses et légères, murales ou à poser. Quel est votre rapport à la couleur et quelles émotions ressentez-vous durant le processus ?

Sonja Schmid : Depuis mes débuts, j’ai un sens inné pour mélanger et associer les couleurs. Je l’ai constaté durant les cours d’art car mes camarades me questionnaient souvent sur mes combinaisons.  Par ailleurs, j’ai étudié la signification des couleurs. Selon moi, elles ne sont pas porteuses de symboles, seule leur esthétique m’intéresse. Par exemple, le rouge, n’est pas uniquement synonyme d’amour ou de passion, il  fait aussi référence à la force primitive, aux éléments essentiels de la vie (sang, feu) ou  la violence. Qui sait que le bleu royal sert à  exprimer des sentiments nobles tels que la confiance, la loyauté ?

Les teintes fluorescentes du plexiglass me mettent en joie et provoquent de la surprise à chaque regard porté sur les oeuvres installées dans mon atelier. La luminosité intense leur donne vie, surtout lorsque j’empile deux plaques pour obtenir des couleurs secondaires.

Sonja Schmid

Sonia Jebsen : Vous exposez  en ce moment à la Lakeside Gallery à Zug en compagnie de Sabeth Holland. Si ses oeuvres sont très fournies en matière, vos travaux en plexiglass tendent vers un certain minimalisme. Est-ce une projection de votre état d’esprit ?

Sonja Schmid :  Dans le quotidien, je cherche le plaisir au travers d’ intérêts divers. Mon inspiration se nourrit principalement de mes voyages dans le Sud, là, tous mes sens s’ouvrent (odeurs, formes, structures, couleurs). Pareil à une éponge, j’absorbe tout avant de le traduire dans mon travail à l’atelier. Une autre passion est la littérature. Je me plonge dans plusieurs livres en même temps pour alimenter ma  curiosité insatiable, mon avidité de connaissances, à l’opposé d’une philosophie minimaliste !