Sonia Jebsen – décembre 2021
Avez-vous visité la rétrospective consacrée à Caillebotte à la Fondation Gianadda ? Elle vient de s’achever couronnée d’un grand succès public. Dans l’ombre de cet évènement artistique, une jeune entreprise s’est chargée de la logistique, du transport des œuvres, de leur stockage… Son nom : GVArt. Entrons dans les locaux de Meyrin, là où rien n’est laissé au hasard, hautement sécurisé et très confidentiel.
GVArt a vu le jour en juin 2021 lancée par des investisseurs privés exerçant dans le transport, sans lien avec l’art. Ils ont eu à cœur de recruter des professionnels avec une expérience de 10 à 15 ans dans leur domaine respectif. “Nous nous connaissions déjà travaillant tous à Genève dans la concurrence”, avoue Virginie Roure.
L’équipe de direction fonctionne sur le modèle du topsharing, partageant leurs compétences dans une confiance mutuelle et le respect de chacun. La direction est entre les mains de Cinzia Garcia, Virginie Roure, Terry Anken et Julia Passera. En dépit de la situation sanitaire, tous les éléments étaient réunis pour que la société prenne vie : une forte demande locale en matière de transport d’œuvres d’art, l’envie d’apporter des services personnalisés dans une ambiance plus familiale.
Curieuse professionnelle, Sonia part toujours un appareil photo à la main, pour partager les beautés de la région ou sa passion pour l’art et les artistes.
L’équipe possède une excellente connaissance du marché local, avec un réseau parmi les institutions muséales, les fondations, les collectionneurs privés, une clientèle basée en Suisse Romande. “Nous travaillons comme un family office en proposant un service VIP pour nos clients”, confirme Virginie Roure. Les institutions publiques fonctionnent avec des appels d’offres, ainsi GVArt est toujours en compétition avec les autres transporteurs.
Avec les collectionneurs privés, une relation de fidélité peut s’installer basée sur la confiance. “ils nous font entrer dans leur intimité en confiant des œuvres de grande valeur et la dimension émotionnelle est à prendre en compte.” La confidentialité est bien entendu respectée, seuls les noms du MAH et de la Fondation Gianadda sont révélés dans l’entretien.
En plus d’un espace de stockage de 3’000m2, GVArt collabore avec les Ports Francs et Entrepôts de Genève, “un acteur important dans le domaine du stockage d’œuvres d’art et objets de valeur”, commente Cinzia Garcia. Si Les Ports Francs n’assurent pas le transport, c’est en revanche un des atouts majeurs de GVArt. Les services proposés vont de l’emballage et la fabrication de caisses pour les objets aux formalités douanières, en passant par l’installation et l’accrochage des œuvres.
Une visite des locaux nous est proposée au cours de laquelle nous découvrons la menuiserie. Des caisses en bois y sont fabriquées, pour quelles œuvres ? Tout cela est bien entendu confidentiel ! L’espace d’entreposage ressemble à une immense salle de bal sécurisée et climatisée. Un show-room très privé permet aux clients d’admirer des œuvres sur demande. Au rez-de-chaussée sont parqués les camions capitonnés spécialement aménagés pour contenir les objets d’art.
Les membres de l’équipe ont-ils le temps de visiter des expositions sur lesquelles ils ont travaillé ? “Très peu malheureusement”, avouent les deux directrices, sauf lorsque exceptionnellement nous participons au convoi des œuvres, ce qui engage un contact direct. Quels sont leurs goûts artistiques ? Cinzia Garcia adore le street art et l’impressionnisme, période qu’apprécie également Virginie Roure. Toutes deux apprécient lorsque les collectionneurs, les conservateurs partagent leurs connaissances avec elles. “Nous sommes des passionnés, nous nous enrichissons au contact de l’art quotidiennement, c’est un moteur essentiel”.
L’exposition Dubuffet a démarré à la Fondation Gianadda en collaboration avec le Centre Pompidou de Paris. L’équipe de GVArt a travaillé durant des semaines à sa mise en lumière, pensez-y en admirant l’accrochage !