Sonia Jebsen – juin 2024
« L’oeil est le premier cercle ; l’horizon qu’il forme est le second ; et dans la nature cette figure primaire se répète sans fin » a écrit le philosophe américain Ralph Waldo Emerson. Cette citation sonne comme une dédicace à la première exposition d’ Alexia Weill à Genève. Sculpté, peint, ou photographié en digital, le cercle est le fil conducteur dans la mise en scène savamment orchestrée par l’artiste franco-suisse. « Blooming circles » est à découvrir à la galerie POLOMARCO jusqu’au 24 août.
Flash back
C’est durant la Biennale de sculpture de Montreux en 2019 que nous avions découvert le travail d’Alexia Weill. Elle y exposait « La vague » , une sculpture en partie immergée dans le Léman : une sirène à la longue chevelure flottante surfant une vague, le tout dessinant un cercle. Comment ne pas y voir une métaphore visuelle de l’artiste elle-même, une battante, se lançant constamment des défis artistiques qu’elle relève avec brio.
Installée depuis 2005 sur la Rivière vaudoise, elle s’est depuis forgée une belle renommée en installant plusieurs créations en milieu urbain à Villeneuve, Blonay/Saint Légier, Aigle ou Morges. A l’automne 2023, l’artiste remporte l’appel à projets « Agorart » lancé par la commune de Bussigny pour son collège. Elle crée trois sculptures à but éducatif et en lien avec les problématiques environnementales.
Une artiste pluridisciplinaire
Si la sculpture sur pierre et notamment le marbre demeure son terrain de jeu favori, l’artiste aime travailler d’autres matériaux tels que le bois ou la résine. Formée auprès d’un compagnon de France, elle a acquis les techniques essentielles pour ce corps à corps avec la matière brute.
Depuis 2021, Alexia a renoué avec sa passion de l’audiovisuel en intégrant le digital et la réalité virtuelle dans ses créations photographiques et vidéos. Lors de la dernière édition du Festival de Cannes, on l’a vu au Pavillon Suisse, munie d’un casque de réalité virtuelle et d’un magic pencil créé par l’entreprise Sensoryx ! L’artiste exécute un grand écart avec les médiums et garde l’équilibre créatif entre le réel et le virtuel.
Curieuse de nature, autodidacte par choix, Sonia partage sa passion pour l’art et les artistes situés en Suisse et en France voisine. Vous la rencontrerez sans doute déambulant dans des galeries, des musées, des espaces d’exposition ou des ateliers d’artistes, appareil de photo en main. Son but : diffuser les informations par l’écriture, l’image et créer du lien entre les différents acteurs du monde de l’art de la région lémanique.
Teaser de l’exposition Blooming Circles
Occuper tout l’espace de la galerie a été une de ses motivations. Peintures et photographies dialoguent avec ses sculptures sur socle grâce la forme circulaire récurrente dans sa pratique. Symbole de l’infini, de l’unité et du cycle éternel de la vie, chaque cercle fait l’objet d’une méditation sur la nature de l’existence, une réflexion sur le temps, l’espace et la place de l’homme dans l’univers.
Les mots de l’artiste
« Motivée par l’envie de renouveau, j’ai intégré la couleur dans mon travail avec le mélange de marbre et d’encres pour les peintures. La couleur possède ce pouvoir subtil et puissant sur notre mental et notre psyché. Mes toiles sont composées des résidus de marbre blanc utilisé pour les sculptures en exposition. J’y ai tracé des cercles bleus pareils à des ouvertures sur le ciel.
Digital v/s Réalité
« Le digital en 3D immersif permet la création de sculptures imitant à merveille les textures identiques aux véritables matériaux. L’aspect ludique des outils à disposition et l’Intelligence Artificielle m’ouvrent le champ des possibles pour réaliser des formes irréelles. Sans matière tangible, la porte s’ouvre sur le monumental et la naissance d’oeuvres désaxées en suspension.
Ces nouvelles technologies très attrayantes restent néanmoins énergivores au niveau cérébral. Et nombreux sont ceux qui ne supportent pas un casque VR trop longtemps en raison des effets similaires au mal de mer ! »