Sonia Jebsen – juin 2024

L’offre en galeries d’art s’enrichit  ces derniers mois à Genève avec l’ouverture de nouveaux espaces et ce malgré les circonstances économiques peu favorables.

Début mai, Artium a ouvert ses portes au 9, rue de l’Hôtel de Ville bénéficiant d’une belle visibilité. Appliquant l’adage « L’union fait la force », trois partenaires ont travaillé le concept. L’un d’entre eux est l’entrepreneur,  Antoine Tacchini, fondateur de la plateforme digitale Swiss Art Value.

Sonia Jebsen : Parlez-nous de vos motivations pour lancer ce  nouvel espace  à Genève ?

Antoine Tacchini : Le retour à la vie normale après la crise sanitaire m’a fait comprendre que les amateurs d’art, les collectionneurs étaient en demande d’évènements concrets. En ce qui concerne l’acquisition d’oeuvres, la plupart souhaitent les voir en réalité pour confirmer l’achat.

Ainsi est née le projet d’ouverture d’une galerie à Genève. Désireux d’en partager la gestion, j’ai été rejoint par l’artiste Sylvie Hamou et Régine Zbinden, gérante de la galerie Au temps qui passe située à Genolier (Vaud). Cette dernière représente des artistes aborigènes de renom et émergents.

Artium Gallery 

9, rue de l’Hôtel de Ville

1204 Genève

Sonia Jebsen : Quel est le fonctionnement de la galerie ?

Antoine Tacchini : Le but est d’accueillir un large public  en proposant des expositions éclectiques. Donc nous collaborons avec des artistes travaillant  des médiums et des techniques variés, et des galeries souhaitant louer l’espace.

Sonia Jebsen : Quels sont vos atouts par rapport aux  galeries existantes à Genève ?

Antoine Tacchini : Notre atout majeur est l’emplacement en vieille ville, une rue très passante. Ce lieu était déjà exploité en tant que galerie, offrant donc l’infrastructure essentielle à ce propos. En mai, la galerie parisienne Raphaël Durazzo a exposé des oeuvres de Leonor Fini ou Jean Dubuffet, suivi par les peintures graphiques de Sylvie Hamou qui remportent un franc succès.

Une de nos motivations s’ancre dans la visibilité donnée aux artistes émergents de la région. L’exposition en cours accueille le jurassien Sandro Garbo, bédéiste passionnée de voitures de sport et de course automobile. Fans de belles cylindrées, ne pas s’abstenir.

Curieuse de nature, autodidacte par choix, Sonia partage  sa passion pour l’art et les artistes situés en Suisse et en France voisine. Vous la rencontrerez sans doute déambulant dans des galeries, des musées, des espaces d’exposition ou des ateliers d’artistes, appareil de photo en main. Son but : diffuser les informations  par l’écriture, l’image et créer du lien entre les différents acteurs du monde de l’art de la région lémanique. 

Sonia Jebsen : Genève propose une riche sélection de galeries, musées et fondations, ainsi que la foire annuelle artgenève. La cité de Calvin a t’elle acquis une reconnaissance mondiale en la matière ?

Antoine Tacchini : La présence des Ports-Francs à Genève depuis 1888 en a fait un pôle d’attraction majeur pour le marché de l’art. Si certaines galeries ont mis la clé sous la porte, force est de constater l’ouverture ou la reprise d’espaces par une nouvelle génération de passionnés. Le business model de ce métier est en évolution et il y a assez de place pour les entités internationales et celles travaillant avec les artistes locaux.

Sonia Jebsen : Vous avez visité Art Basel cette semaine. Cette foire a accueilli plus de 280 galeries venant de 40 pays. Quelles sont vos impressions de cette grande messe artistique ?

Antoine Tacchini : C’est une des plus belles foires au monde et elle demeure une référence en la matière. Il est évident que le marché de l’art est impacté par la situation géopolitique. Les amateurs d’art, comme nous tous, ont besoin de réconfort. J’ai vu des oeuvres plus douces aux couleurs pastels. Les acquisitions portent toujours sur des valeurs sûres telles que Warhol, Basquiat, Keith Haring ou Picasso.

Les entrées ont passé le cap des 90’000 visiteurs, preuve que le public reste avide de création, de beau, d’innovation.  Depuis la nuit des temps, l’art permet de combler le manque, l’absence comme en témoignent les traces de l’art pariétal. L’art reste un espace de rêve et de liberté.