Les rêves des peintres aborigènes
Expo galerie d’art @Au temps qui passe – Genolier
Katleen Petyarre « Mountain Devil Lizard Dreaming »
Expo galerie d’art @Au temps qui passe – Genolier
Katleen Petyarre « Mountain Devil Lizard Dreaming »
La galerie Au temps qui passe à Genolier organise chaque année une grande exposition-vente dédiée à cet art ancestral. Cet événement présente à la fois des œuvres rares de grands artistes aujourd’hui disparus et des toiles de la jeune génération d’aborigènes. Ces derniers, enrichis par diverses influences interculturelles, réinterprètent la culture matérielle de leurs ancêtres, lui apportant un nouveau sens.
En collaboration avec l’expert renommé Marc Yvonnou, nous proposons des toiles provenant directement du Désert central d’Australie, dont l’authenticité est certifiée.
Pour illustrer la diversité des générations d’artistes exposés, nous avons choisi d’explorer la transmission entre deux figures emblématiques : Kathleen Petyarre la grand-mère et Abie Loy Kemarre, sa petite-fille.
© toutes les images de cette publication ont été fournies par la galerie Au temps qui passe
Galerie « Au temps qui passe »
1 rte de Coinsins,
1272 Genolier
Exposition: du 2 novembre au 15 décembre
Vernissage: le 2 novembre de 16H à 20H
Mr Marc Yvonnou sera présent les 2 et 3 novembre pour commenter l’exposition.
Horaires: du jeudi au dimanche de 14H à 18H ou sur rendez-vous.
www.autempsquipasse.com
info@autempsquipasse.com
Kathleen Petyarre est née vers 1940 à Atnangkere, dans la région d’Utopia, un territoire riche en traditions artistiques. Elle appartient au groupe linguistique Anmatyerre et a grandi dans une communauté où les cérémonies, les chants, et les peintures étaient des formes d’expression essentielles. Sa pratique artistique s’est d’abord manifestée dans l’art corporel traditionnel et le batik avant qu’elle ne soit exposée à la peinture acrylique dans les années 1980, grâce à l’essor du mouvement artistique d’Utopia.
Les œuvres de Kathleen sont profondément enracinées dans les récits du « Rêve », ou ‘’Jukurrpa’’, qui relie le monde physique et spirituel. Un de ses motifs centraux est l’histoire du lézard diabolique de montagne, un ancêtre totémique avec laquelle Kathleen partage un lien spirituel. Ce thème apparaît dans ses tableaux sous la forme de motifs abstraits et pointillistes, représentant à la fois des paysages et des éléments symboliques du monde spirituel. Ses toiles se distinguent par leur complexité visuelle, leur finesse et l’utilisation du pointillisme, technique symbolique de l’art aborigène contemporain.
Kathleen est une figure emblématique de l’Art aborigène que l’on retrouve dans tous les grands musées dédiés à cet art.
Abie Loy Kemarre, née en 1972, est la petite-fille de Kathleen Petyarre, mais aussi son élève et son héritière artistique. Abie a commencé à peindre dès son jeune âge, s’inspirant des enseignements de sa grand-mère tout en développant son propre langage visuel. Comme Kathleen, elle est issue du peuple Anmatyerre et a hérité du lien spirituel avec la terre et ses récits ancestraux.
Abie Loy a rapidement gagné en reconnaissance dans le monde de l’art pour ses œuvres qui mêlent motifs géométriques et symbolisme lié au « Rêve ». Si l’influence de sa grand-mère est visible dans ses premières œuvres, notamment à travers l’usage du pointillisme et des récits totémiques, Abie s’est démarquée par son exploration de nouveaux thèmes, tels que la ‘’graine de brousse’’ et la ‘’feuille médicinale’’. Ces motifs représentent des éléments vitaux du paysage et de la culture aborigène, marquant une évolution dans la tradition picturale.
Contrairement à sa grand-mère, Abie a expérimenté des formes plus audacieuses et une palette de couleurs plus variée. Elle a élargi les frontières de l’art aborigène contemporain en intégrant des structures géométriques à ses compositions. Ses œuvres se caractérisent souvent par une précision quasi mathématique dans l’agencement des formes et des motifs, créant des toiles où la rigueur et l’abstraction se rencontrent pour donner lieu à des compositions méditatives.
Bien que Kathleen et Abie partagent une connexion profonde avec les récits traditionnels et les thèmes spirituels liés à leur terre, leurs œuvres représentent deux générations différentes de l’art aborigène. Kathleen, en tant que figure pionnière, a consacré son art à l’exploration du « Rêve » à travers des compositions abstraites mais organiques, où le pointillisme et les motifs répétitifs évoquent la dynamique du paysage australien. Sa peinture est une forme de cartographie spirituelle, où chaque point et chaque ligne renvoient à des significations ancestrales.
Abie, quant à elle, s’inscrit dans cette continuité tout en modernisant l’esthétique. Si elle reste fidèle aux récits et à la symbolique culturelle, elle a su enrichir son travail avec des éléments visuels plus contemporains. Sa peinture est souvent plus structurée, jouant sur la répétition des motifs géométriques et l’organisation précise de l’espace, un contraste avec les formes plus fluides et naturelles de Kathleen.
En résumé, Kathleen Petyarre et Abie Loy Kemarre incarnent deux visions de l’art aborigène : l’une profondément ancrée dans la tradition et l’autre tournée vers l’innovation et la modernité. Cependant, leurs œuvres sont unies par un même fil conducteur : l’expression du lien intime avec leur terre ancestrale et la transmission de leur culture à travers l’art.