Sonia Jebsen – avril 2024
La Fondation WRP a accueilli jusqu’au 19 avril l’exposition “Une saison avec Fibonacci” présentant des œuvres de Mireille Fulpius en collaboration avec la galerie artbongard.L’artiste a intégré les principes de mathématiques et de géométrie dans son travail depuis des décennies et ce, instinctivement. Au travers du bois et du métal, elle fait ici la démonstration du lien entre la beauté d’une œuvre et le nombre d’or ou proportion universelle omniprésente dans la nature.
L’installation in situ
La “pièce maîtresse” occupe la pièce centrale et se compose de cubes en bois dont seules les arêtes sont visibles. Sur le principe de la poupée gigogne, ces dés sans faces s’imbriquent, empiètent l’un sur l’autre, du plus grand au plus petit, affichant ouvertement leur dépendance proportionnelle.
La légèreté du métal
Les sculptures murales quant à elles nous réconcilient avec les théorèmes et les formules mathématiques grâce à leur minimalisme. Des patrons de cubes en noir et blanc déploient leurs structures harmonieuses aux murs de la Fondation. Les ombres plus ou moins perceptibles qu’elles projettent sur les murs ajoutent une troisième dimension au fil de la lumière. Les oeuvres de Mireille Fulpius sont un exemple du vif intérêt porté par de nombreux artistes, architectes et designers à la divine proportion intégrée au processus de création
Curieuse de nature, autodidacte par choix, Sonia partage sa passion pour l’art et les artistes situés en Suisse et en France voisine. Vous la rencontrerez sans doute déambulant dans des galeries, des musées, des espaces d’exposition ou des ateliers d’artistes, appareil de photo en main. Son but : diffuser les informations par l’écriture, l’image et créer du lien entre les différents acteurs du monde de l’art de la région lémanique.
La suite de Fibonacci et le nombre d’or
Cette exposition à la Fondation WRP a été l’opportunité d’approcher les travaux du mathématicien italien Leonardo Fibonacci. Notamment la suite portant son nom : une suite de nombres entiers dans laquelle chaque nombre est la somme des deux nombres qui le précèdent. Elle commence par 0 et 11 puis se poursuit avec 1 (comme somme de 0 et 1), 2 (comme somme de 1 et 1), 3 (comme somme de 1 et 2), 5 (comme somme de 2 et 3), 8 (comme somme de 3 et 5), etc.
Cette théorie est le résultat d’un problème posé par Fibonacci sur la prolifération des lapins… et est en lien direct avec le nombre d’or (Phi en grec), 1,61803398874989482045… il s’agit du résultat d’une équation mathématique connue depuis la Grèce antique.
Le mathématicien italien Leonardo Fibonacci (vers 1170-1250) a influencé de manière considérable l’utilisation des chiffres indo-arabes aux mathématiques occidentales. Il est l’auteur de nombreux manuscrits sur les mathématiques (Liber abaci, Liber quadratum ou Practica geometriae)
L’amour du bois
Sonia Jebsen : Vous sculptez le bois depuis de nombreuses années. Quel lien entretenez-vous avec cette matière ? Comment la qualifiez-vous ?
Mireille Fulpius : J’en aime l’odeur, la souplesse, la nature. Cette matière vivante est composée de fibres très résistantes qui font dialogue engendrant un duel magnifique durant le travail. J’avais commencé avec le métal aux Beaux-Arts, un matériau passionnant : le feu, l’ajout facile, la torsion, la coupe, tout est possible. Mais il est froid et lourd. Le bois, pesant aussi, est tellement plus proche de moi. J’utilise les bois ordinaires, ceux des régions où je travaille, pas d’essences précieuses. Je vais au plus simple, en enlevant le superflu, l’anecdote. Reste le squelette, l’arête, la structure qui maintient. Au final mes œuvres sont juste instinctives.
Le désir de Land art
Sonia Jebsen : Vous êtes connue pour vos installations grand format créées pour des espaces en nature et urbains. Qu’exprimez-vous au travers du Land Art ?
Mireille Fulpius : Cet envie d’art environnemental est venue progressivement, même si je n’ai pas abandonné la « sculpture d’intérieure ». Me promenant à travers des paysages j’ai trouvé intéressant d’intégrer des formes, de recréer des espaces dans lesquels le spectateur deviendrait acteur en se promenant dessous, dedans, autour, appréhendant ce nouvel espace ephémère. Une expérience spatiale qui ne cherche pas à coloniser la nature mais plutôt à modifier par ces structures-sculptures ephémères le rapport émotionnel que nous entretenons avec la nature, avec les lieux que nous connaissons. (souvent j’ai entendu des gens dire, une fois l’installation détruite, que le paysage est tout nu