« A bicyclette ! » sur grand écran ou comment vivre avec l’absence

Une belle histoire d’amour

« Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins, à bicyclette… » chantait Yves Montand. C’est le pari que se lancent Mathias et Philippe entre gravité et désinvolture. Dès les premières images et le discours de départ de Mathias à La Rochelle, le ton est donné. Pas de tristesse mais de l’émotion et de la sincérité. De la volonté aussi car il en faut pour affronter ces milliers de kilomètres à vélo quand on n’est pas soi-même un bon cycliste. Alors, Mathias et Philippe y vont doucement, tranquillement, s’arrêtant au bord des chemins pour dormir et deviser. Il s’agit moins d’un récit de voyage avec de beaux plans de paysage que d’un temps d’écoute et de partage. Car ce voyage est une belle déclaration d’amour d’un père à son fils disparu. Le réalisateur et acteur Mathias Mlekuz nous offre ainsi un film cathartique. Son rêve ? « L’apercevoir au détour d’un chemin » explique Mathias qui est à la recherche de réponses à ses questions, d’apaisement peut-être. Alors, il entre prier et pleurer dans les églises, photographie les mêmes endroits, loue les mêmes airbnb… A chaque étape, il glane des souvenirs, des découvertes.

Une belle histoire d’amitié

Philippe, gros fumeur et buveur invétéré, accepte de suivre Mathias aux rondeurs avérées sur les routes pour ne pas l’abandonner à sa peine. C’est aussi un moyen pour lui de faire le bilan de sa propre vie. Entre trois cigarettes et deux bouteilles de whisky, certains dialogues sont poignants. Qu’est-ce qu’être un type bien ? Qu’est-ce qu’être un bon parent ? Quel est le sens de la vie ? Le duo, amis dans la vraie vie, fonctionne à merveille et nous entraîne dans leurs délires et leurs engueulades comme si nous faisions partis nous-même de l’équipe. On entre dans l’intime. C’est ainsi un beau récit sur l’amitié qui lie les deux compères.

Un étonnant feel good movie sur le deuil

Comment faire le deuil de son fils disparu soudainement ? « Chaque étape me rappelle qu’il est mort » partage Mathias. Et pourtant paradoxalement, ce film n’est pas triste. Oscillant entre fiction et documentaire, tourné sans script ni scénario préétabli, le film est d’une grande vérité. Il s’agit de continuer à faire vivre Youri de toutes les manières, y compris en se transformant soi-même en clown… « Si on a le choix de faire le choix, soyons joyeux ! » concluent les deux compères. Ce pourrait être la devise du film.