Julia Platon et Michel Blanc dans « Les petites victoires »
Virginie Hours – mai 2023
En mai, va voir ce qui te plaît ! pourrions-nous fredonner… Bythelake choisit deux films très différents mais profondément optimistes et humains. : une comédie française sur une jeune femme qui lutte contre l’abandon de son village (Les petites victoires) et le beau portrait d’une femme érythréenne face à son passé (Semret).
Lula Mebrahtu dans « Semret »
« Les petites victoires » de Mélanie Auffret
Avec Michel Blanc, Julia Piaton, Lionel Abelanski, Marie Bunel,
Sortie France : 1er mars 2023
Sortie Suisse romande : 10 mai 2023
« Les petites victoires », la vie au quotidien
Alice (Julia Platon) est la digne fille de son père, l’ancien médecin du village breton de Kerguen. A la fois maire et unique institutrice, elle se dépense sans compter pour faire vivre sa localité. Un jour, Emile (Michel Blanc), un de ses administrés bourru, décide d’intégrer sa classe et d’apprendre à lire et à écrire. D’abord réfractaire à l’idée, Alice va trouver en lui un allié indéfectible…
Voici un petit film feel good, particulièrement salutaire vu le contexte actuel en France. La réalisatrice Mélanie Auffret nous plonge dans le quotidien d’une de ces communes rurales qui se sent abandonnée par les pouvoirs publics. Toutefois, elle privilégie l’optimisme (aucune scène de pluie alors que l’histoire se passe en Bretagne…) en choisissant la comédie et en nous offrant une galerie de portraits attachants. Julia Platon incarne avec conviction et dynamisme Alice, une jeune femme qui s’engage pour un monde meilleur au risque d’y sacrifier sa vie personnelle. Face à elle, Michel Blanc est râleur à souhait.
Une comédie agréable aux sujets graves mais traités sans patho.
« Semret » de Caterina Mona
Avec Lula Mebrahtu, Teddy Teclebrhan
Sortie Suisse romande : 24 mai 2023
Sortie Suisse alémanique : 25 août 2022
« Semret », tout pour ma fille
Semret (Lula Mebrahtu) est une réfugiée erythréenne. Arrivée en Suisse avec sa fille il y a de nombreuses années, elle incarne l’intégration réussie : elle travaille à l’hôpital, envisage une formation, loue un appartement, est indépendante. Sa fille Joe a 14 ans et la nationalité suisse. Cependant, elle refuse de lui raconter son histoire alors que l’adolescente souhaite retrouver ses racines erythréennes. La tension monte entre les deux femmes…
Avec « Semret », la réalisatrice tessinoise Caterina Mona aborde de manière intelligente et subtile les sujets de l’immigration et de l’identité. En utilisant le portrait opposé des deux femmes (l’une recherchant ses racines, l’autre privilégiant l’intégration à tout prix), elle suscite le questionnement sans donner de réponses. L’artiste et actrice de théâtre Lula Mebrahtu incarne avec une profonde intériorité Semret, cette femme volontaire qui cache ses fragilités. La présence de Yemane, un nouvel employé de l’hôpital qui est aussi un réfugié érythréen, symbolise le durcissement des lois de l’asile. Semret sait saisir sa chance et comprend qu’elle doit aussi trouver une paix intérieure au nom de sa fille.
Un film profondément humain et touchant.