Inspirée directement d’une histoire vraie

Qui n’a pas été bluffé.e par l’affaire Banier-Bettencourt ? Cette histoire vraie qui a fait l’objet d’un documentaire Netflix à succès, réunissait tous les ingrédients pouvant ravir les foules : des gens richissimes, un arriviste, une fille mal aimée, du personnel de maison aux aguets… Le réalisateur et ancien journaliste Thierry Klifa s’est emparé de l’histoire avec délectation, modifiant uniquement les noms des protagonistes et les marques d’entreprise. Il s’est ainsi amusé à mêler narration et procédé journalistique, bousculant les codes comme le fameux Pierre-Alain. Le résultat est jouissif grâce à un rythme soutenu et un Laurent Laffite épatant.

Pauvre riche !

Il est parfait dans le rôle du photographe faussement désintéressé mais véritable pique-assiette et qui s’amuse à semer la zizanie là où il passe. Car la femme la plus riche du monde s’ennuie entre une fille trop sérieuse et un mari trop rangé. Marina Foïs traine un air désolant face à ce loup qu’elle a fait entrer elle-même dans la bergerie et qui prend peu à peu la place qu’elle aimerait occuper dans le cœur de sa mère. Pierre-Alain virevolte, s’agite, met enfin un peu de drôlerie dans l’histoire à force d’être sans-gêne et provocateur. Laurent Lafitte flirte avec le trop mais ne dépasse jamais la ligne. On comprend pourquoi Marianne se laisse séduire par celui qui semble si différent de son entourage… mais ne refuse par les cadeaux. « Si vous dites que l’argent est sale, pourquoi l’acceptez-vous ? » le questionne-t-elle, victime consentante. Car il lui ouvre des horizons, s’occupe d’elle et de ses désirs. Face à elle, Marina Foïs traine son triste minois de petite fille délaissée et dépassée. Elle en est touchante, réclamant ce que sa mère ne peut lui donner, pensant vivre une vie simple mais qui reste déconnectée de la réalité.

Des thèmes plus graves sous l’air de la comédie

Thierry Flika en profite pour dénoncer les liens des grandes fortunes avec les politiques, les relations discutables lors de l’occupation allemande, l’influence de l’image et de la réputation sur le Cac 40 et l’attrait des paradis fiscaux. Le film pose aussi la question de la liberté de jouir de ses biens, de la nécessité de protéger l’autre lorsque l’abus de faiblesse est suspecté. « J’ai le droit de faire ce que je veux de mon argent » se défend Marianne. Vraiment ?

Un film entre comédie et gravité.