Sonia Jebsen – novembre 2022
Le Mudac nous propose une version des chaises musicales très déroutante avec l’exposition du moment : « A chair and you. »
Interdit de s’asseoir sur ces 211 stars conçues par de grands créateurs ! Ce casting international fait sa première apparition publique sous la houlette de leur propriétaire, Thierry Barbier-Mueller et du metteur en scène américain Robert Wilson.
Le collectionneur, Thierry Barbier-Mueller :
Dans la famille Barbier-Mueller, collectionner est une seconde nature. Deux générations ont engendré un Musée à Genève abritant la plus grande collection privée d’objets et oeuvres provenant de civilisations dites primitives. De nos jours, les héritiers ont repris le flambeau mais chacun d’entre eux se démarque avec sa propre collection : art contemporain, armures de samouraïs …Thierry Barbier-Mueller, quant à lui, s’est pris de passion ou de pulsion pour un meuble de la vie quotidienne, la chaise.
Ne cherchez pas celle qui est dans votre cuisine ou salle à manger dans l’exposition. Thierry Barbier-Mueller a jeté son dévolu sur des pièces uniques ou presque, créations de designers, architectes et artistes des années 60 à nos jours. Au final, 650 chaises ont été acquises durant les 30 dernières années. « La chaise est la fois un objet fonctionnel, omniprésent, et sans doute en lien avec notre inconscient collectif », raconte le collectionneur. Ce meuble est depuis toujours le sujet des fantasmes les plus fous en matière de design. Chaque chaise du casting joue son rôle dans ce spectacle immersif orchestré par le texan, Robert Wilson.
Curieuse professionnelle, Sonia part toujours un appareil photo à la main, pour partager les beautés de la région ou sa passion pour l’art et les artistes.
Robert Wilson : un artiste pluridisciplinaire à l’âme ludique
Comment rendre une exposition de chaises (les plus belles soient-elles) attractive aux yeux du public ? Pour Thierry Barbier-Mueller, un nom s’imposait : Robert Wilson, artiste pluridisciplinaire. lui-même passionné de chaises de designers. A 80 ans, ce créatif n’a pas perdu une once d’enthousiasme et d’originalité. Que ce soit au théâtre ou à l’opéra, il a produit de nombreuses oeuvres à succès. « L’accord de principe avec Bob Wilson a été scellé en novembre 2015″, raconte le collectionneur. Ce projet ambitieux a pris du retard avec la crise COVID, mais au final, le résultat est bluffant ».
Les expositions immersives font un tabac auprès du public, mais dans ce domaine « Bob Wilson est un précurseur pour qui le domaine des sensations, du sensible visible et auditif a été de tout temps essentiel », commente Thierry Barbier-Mueller.
Un avant-goût de l’exposition :
Présentées comme des sculptures, les chaises sont disposées au sol ou en suspension sur quatre espaces définis. Si le bois et le métal dominent, les matériaux les plus fantaisistes rentrent dans leur composition : papier, bouchons de liège, armes recyclées, raphia, fibre de verre…
Les bandes sonores et la lumière jouent un rôle fondamental. Couleurs et fantaisie riment avec éclairage vif et musique entraînante. La sobriété et le minimalisme sont sublimés par une ambiance feutrée sur fond de musique classique épurée. « La lumière ne se planifie pas une fois l’exposition conçue, elle est partie intégrante de la mise en espace… c’est l’élément qui nous aide à voir et à entendre », explique Robert Wilson. En matière de musique, il a intégré une règle d’or expérimentée sur les scènes de Broadway : « Au théâtre, la dernière chose que l’on entend ou que l’on voit est la plus importante. Il faut toujours commencer fort et finir en apothéose. »
Nous tenons à remercier Mr Barbier-Mueller pour son éclairage sur l’exposition en ayant accepté de répondre à nos questions.