Sonia Jebsen – octobre 2020
Le Street art est incontestablement LE mouvement artistique du XXIe. Et 2020 marquée par la crise sanitaire a provoqué l’émergence de nouveaux talents, exprimant ouvertement ce que le public pense tout bas ! Les oeuvres urbaines s’étalent orgueilleusement sur les murs de nos villes, les façades d’immeubles, et autres espaces publics. Au Quartier Libre SIG, une exposition est consacrée à cette expression universelle, intitulée « One, Two… Street Art ». Elle est le fruit de la collaboration avec l’association lyonnaise, Little Beaux -Arts, et le Musée en Herbe de Paris. Ces deux institutions sont pionnières en matière de culture pour les enfants. Une première édition s’est tenue en 2017 à Lyon.
En ce début d’automne morose, voilà de quoi vous redonner la pêche et découvrir la richesse expressive de l’art urbain au travers des oeuvres de 50 artistes suisses et internationaux majeurs.
Les signatures du Street Art
Existe t’il une époque marquant l’apparition de cette expression artistique ? Peut-être la Préhistoire avec l’homme des cavernes avide de communiquer pour la postérité ? Ou chez certaines civilisations antiques avec les hiéroglyphes ? Sans rentrer dans ce débat de spécialistes, il est de notoriété publique que le street art trouve ses racines aux Etats-Unis dans les années 60. Les artistes urbains prennent possession de leur territoire en apposant leur sceau format monumental sur les murs, le métro, les trains… bravant les interdits.
La signature devient une oeuvre de rébellion et le street art crée son vocabulaire : graffiti, tag ou blaze. Comment agissent ces hors-la-loi non violents ? En équipe (crew en anglais) de graffeurs. Dans quel but ? Contester, revendiquer, faire réfléchir, casser les codes imposés par la société, toujours au risque de se faire amender, arrêter, comme l’iconique Keith Haring pris en flagrant délit par la police dans le métro de New-York (vidéo). Découvrez les noms des plus célèbres comme les américains Cope 2 et JonOne, le suisse Smash 137 ou le français Zenoy, qui ont développé une calligraphie unique et haute en couleurs.
Curieuse professionnelle, Sonia part toujours un appareil photo à la main, pour partager les beautés de la région ou sa passion pour l’art et les artistes.
Le Street art, entre vandalisme et légitimité
Depuis toujours, les street artistes ont choisi l’espace urbain comme terrain de jeu. Jour et nuit, ils oeuvrent, parfois masqués, pour égayer des espaces froids et moroses ou exprimer leurs opinions publiquement. Notre vie quotidienne est parsemée de ces lieux tagués, graffés, peints… et ça ne choque plus grand monde ! Et pourtant, la plupart des artistes de rue ont eu des démêlés avec la justice et des procès pour actes de vandalisme. Les mentalités évoluent, les temps changent. La plupart des artistes urbains agissent en pleine lumière et en toute légalité.
Flash back en 2008… le parti démocrate américain commande au graffeur Shepard Fairey l’affiche de la campagne de Barack Obama « HOPE », devenue emblématique ! Un des artistes contemporains les plus controversés de nos jours est sans doute le mystérieux anglais Bansky. Est-il génial ou imposteur ? Souvenez-vous de la vente chez Sotheby’s en 2018 et du buzz créé par l’auto destruction de son oeuvre « Girl with ballon, adjugée à 1.200.000 euros !! Le street art est bien devenu « bankable ». Les oeuvres ont passé la porte des musées et des galeries depuis des années et celles exposées au Quartier Libre proviennent en partie de collections privées.
Le street art, la multiplicité des techniques
Hormis pour le graffiti principalement exécuté à l’aide de bombes aérosols (cf. photo), chaque artiste se définit par sa propre technique (outils, matériaux) et les supports sur lesquels il va performer. Citons le pochoir, la brosse à pocher, le collage, le papier, les stickers, la mosaïque, la photographie, ainsi que tous matériaux de récupération. La visite ludique et interactive de l’exposition vous permet de découvrir la majorité des styles en vogue depuis les origines.
Nos coups de coeur vont à l’humour des panneaux de signalisations détournés de Clet, aux animaux de la savane de Mosko peints sur bois. Honneur aussi aux femmes (peu exposées ici) avec l’artiste Madame et son oeuvre pleine de poésie composée de collages et de mots. Parmi les têtes d’affiche, on remarque une sculpture inspirée de l’oeuvre de Banksy « Flower Bomber », une mosaïque pixelisée du français Invader ! En passant devant l’oeuvre lumineuse de Marko 93, pensez à la prendre en photo, attention surprise ! Sans oublier la performance de l’artiste Erell qui a personnalisé les façades de Quartier Libre avec ses autocollants géométriques devenus sa signature.
Cette exposition se devait de compter aussi avec les stars suisses très actives sur la scène internationale. Nous étions ravies de retrouver les oeuvres des artistes Saype et Nicolas Bamert aka l’Original qui ont fait l’objet de parutions sur bythelake, ainsi que Heurk One contacté sur Instagram très récemment. « One, Two… Street Art » ne se limite pas au Quartier Libre. Un parcours est organisé dans les rues de Genève vous dévoilant d’autres performances notamment des coffrets électriques des SIG relookés par 10 artistes.
Keith Haring : « L’art n’est pas une activité élitiste réservée à l’appréciation d’un nombre réduit d’amateurs, il s’adresse à tout le monde. »
Banksy : « Un mur est une arme redoutable. C’est l’une des plus dangereuses avec laquelle vous pouvez frapper quelqu’un.”