Lausanne Art Fair est reportée du 29 avril au 02 mai 2021
Sonia Jebsen – septembre 2020
La ville de Lausanne joue ses atouts sur l’échiquier culturel et artistique mondial et européen ces derniers temps. Elle accueille depuis 2017 la Lausanne Art Fair (foire d’art contemporain). La 4ème édition aura bien lieu du 12 au 15 novembre prochain au Palais Beaulieu, comme un grand pied de nez à la pandémie. En février dernier, nous avions contacté Serge Beninca, le directeur d’art3f, la société organisatrice de l’évènement pour un entretien. Entrepreneur, communicant dans l’âme, et amateur d’art, il orchestre la mise en place de plus de quinze foires et salons d’art contemporain en France et en Europe.
Curieuse professionnelle, Sonia part toujours un appareil photo à la main, pour partager les beautés de la région ou sa passion pour l’art et les artistes.
Sonia Jebsen : Quelle est l’histoire d’art3f ?
Serge Beninca : J’ai créé la société en 2012 avec deux amis et collègues de l’ agence de communication où je travaillais à l’époque. Notre directeur artistique, lui-même artiste nous a insufflé l’idée. Il avait participé à un salon d’art à Metz et était vraiment déçu de l’organisation. Nous avons couché sur le papier les critères essentiels pour le succès d’un salon d’art (stand de restauration, espace enfants…). Nous organisons deux sortes d’évènements : les salons art3f accueillant des artistes indépendants et des galeries, et les Art Fairs, réservées uniquement aux galeristes. Le premier salon d’art contemporain a eu lieu à Mulhouse, ville située au coeur des trois frontières (Allemagne, Suisse, France). Cette première édition s’est conclue sur un résultat au-delà de nos espérances et défiant toutes les statistiques. Depuis art3f n’a cessé de croître. Nos manifestations s’exportent sur le territoire français (Paris, Toulouse, Nantes, Lyon, Bordeaux…) et en Europe (Luxembourg, Gand, Monaco).
Sonia Jebsen : Pourquoi le choix de Lausanne ? Quel est le potentiel clientèle ?
Serge Beninca : Pour nous Lausanne s’est évidemment imposée! En raison de l’appétit et du goût pour l’art du public lausannois, de l’expertise des nombreux collectionneurs, ainsi que de l’engagement culturel marqué de la ville. Le Palais de Beaulieu est un écrin de qualité offrant une surface d’exposition de grande envergure. Ces critères en font le spot idéal pour accueillir une foire d’art contemporain, qualitative et accessible.
Sonia Jebsen : Comment s’effectue la sélection des galeries ? Et sur quels critères ?
Serge Beninca : C’est un comité constitué de professionnels ( 2 collectionneurs et 2 galeries) qui choisit les galeries participantes à la foire. Nous ne portons aucun jugement, aucune critique sur le travail des artistes ou de leurs représentants. Notre objectif principal est d’assurer le bon déroulement de l’évènement et le maintien de sa qualité.
Sonia Jebsen : Que souhaitez-vous mettre en avant avec Lausanne Art Fair ? Quelles sont ses spécificités face à des salons comme artgenève ou le MAG de Montreux ?
Serge Beninca : Cette foire se positionne comme abordable et qualitative, susceptible de provoquer des achats « coup de coeur » comme des acquisitions plus spéculatives. Nous souhaitons offrir au public un plateau artistique riche et représentatif des courants qui bousculent la créativité contemporaine. Et ceci dans un lieu confortable, convivial, décontracté, comme Beaulieu. A la différence d’artgenève, très élitiste, les visiteurs de tous bords, et de tous âges peuvent accéder à l’art sans « prise de tête », et créer des moments d’échange et de partage.
Sonia Jebsen : Quel bilan faites-vous après 4 années d’existence ?
Serge Beninca : Le bilan est excellent. Les galeries sont satisfaites des ventes effectuées, de l’organisation et de la qualité de l’offre artistique. Elles reçoivent chaque année un accueil chaleureux du public de connaisseurs et néophytes. Quelques chiffres à l’appui : en 2019, on a comptabilisé 21’735 visiteurs contre 14’846 en 2017, et pour les ventes, 913 en 2019 contre 724 lors de la première édition. Cela vous donne une idée de la progression.
Sonia Jebsen : Question à l’amateur d’art, d’où vient cette passion ?
Serge Beninca : Mon premier coup de coeur artistique, je l’ai eu à 25 ans, pour un peintre alsacien, très talentueux, Fernand d’Onofrio. Ce dernier a acquis une belle notoriété au fil du temps. J’ai acheté plusieurs oeuvres de cet artiste. Mais j’avoue une réelle affection pour les sculpteurs. Leur parcours créatif est souvent compliqué et rencontre de nombreux défis, en commençant par la matière première, les frais de fonderie élevés, le transport délicat! Alors quand je peux leur donner un coup de pouce, je le fais avec grand plaisir.
Nous avons fait le choix de ne pas entrer en matière sur les conséquences de la crise sanitaire sur le monde de l’art. La plupart des grandes foires ont été annulées. Restons positifs et gageons que le public sera au rendez-vous à Lausanne Art Fair 2020 pour un moment de détente, de culture, et de rencontres. Nietzsche a écrit « L’art est le grand stimulant de la vie », qu’en pensez-vous ?