A la galerie POLOMARCO à Genève, the Painting Academy

Wind against true love, 2023
huile sur toile de Stéphane Petitmermet,
83 x 197cm

Sonia Jebsen – octobre 2023

Depuis la préhistoire, l’expression picturale est une constante dans l’Histoire de l’art. Ce médium résiste superbement aux déferlantes de la photographie et des technologies digitales (nfts ou intelligence artificielle). “La peinture est comme l’homme, mortel, mais vivant toujours en lutte” a affirmé Gauguin. C’est un fait, la peinture n’est pas morte. La curatrice indépendante Laurence Favez en fait la preuve par neuf avec l’exposition « The Painting Academy » à la galerie POLOMARCO.

A voir jusqu’au 5/11

En sélectionnant neuf artistes diplômés de l’ECAL ou la HEAD, elle confirme la présence de la peinture figurative sur la scène artistique actuelle.

Pourquoi ce choix, Laurence Favez ?

« Il est évident que la peinture a toujours été le reflet de la société. Fort est de constater que la présence de l’image s’ancre dans notre quotidien tout en perdant souvent son impact, Car au moyen des écrans de toute sorte, nous sommes soumis à l’instantanéité d’un flux d’ images incessant. En opposition, la peinture suppose un temps de production plus ou moins long, mettant au coeur de l’action l’artiste seul face à la toile vierge, »

Les œuvres présentées illustrent la pluralité des thématiques, des styles, des processus et des formats.

Curieuse professionnelle, Sonia part toujours un appareil photo à la main, pour partager les beautés de la région ou sa passion pour l’art et les artistes.

Nos coups de coeur

Jon Merz (1981), originaire de Neuchâtel, vit et travaille à Berlin. Impossible de ne pas faire le lien avec le mouvement expressionniste. Fidèle au cadre traditionnel, un châssis et une toile, l’artiste trouble notre perception visuelle. En effet, l’apparente abstraction devient en s’éloignant un paysage. Les couleurs lumineuses explosent harmonieusement posées en touches puissantes donnant naissance à des scènes de nature sorties d’un rêve.

Chez le Genevois Simon Salazar (1991), le style surréaliste à la Magritte est très léchée. Les huiles sur bois ou sur toile sont pareilles à des icônes contemporaines porteuses d’énigmes. Les titres sont ironiques et offrent une clé d’interprétation : “Debout les morts” : un plateau avec deux tasses de café rappelle un visage, “La grande poutze” fait valdinguer les meubles, “Un début délicat “ suggère la crucifixion du Christ avec un pied et une main portant un clou. Toutes nos peurs existentialistes y passent.

GALERIE POLOMARCO

Romane de Watteville (1993) et Leanne Picthall (1999) sont les actrices de leurs toiles. Chez la première, notre regard se fait voyeur exposé à des scènes intimistes réalistes, où sa présence n’est jamais entièrement révélée : des mains gantées posées sur une poitrine généreuse, une petite culotte blanche sur une cuisse poilue… Le sujet principal chez Leanne, c’est elle-même. Elle n’hésite pas à nous exposer son visage et sa bouche en gros plan dans des tons sourds créant une distance entre l’artiste et son image.

Le travail du lausannois Stéphane Nabil Petitmermet (1998) est polymorphe dans son style et les thématiques. Un lien existe cependant entre les œuvres : celui du souvenir et de sa matérialisation sous forme d’images. En partie libanais, l’artiste se sert du motif représenté en série faisant partie de la tradition artistique au Pays des cèdres. Un autre symbole tient une belle place avec “Toute partie même désastreuse, est prétexte à peinture”,  nous plongeant dans une partie de backgammon en vue plongeante. Le chien tient une place particulière dans son travail. Que nous disent ices chiens courant librement en bord de mer “Wind against true love” ?

Sont exposés également Gregory Bourilly, Hanna Rochereau , Martin Bonnaz et Camila Olivereira Fairclough