Agorart ou l’art comme outil éducatif par Alexia Weill
Sonia Jebsen – novembre 2023
L’artiste Alexia Weill a installé plusieurs sculptures dans l’espace public vaudois ces dernières années, notamment à Blonay/Saint-Légier, Villeneuve, Aigle et Morges. L’édification du nouveau collège de Bussigny, inauguré à la rentrée 2023, lui a inspiré le projet Agorart concrétisé par un trio de sculptures circulaires et massives. Au-delà de leur évidente esthétique, les oeuvres positionnées à ciel ouvert sont des supports à l’éveil des enfants à l’écologie et à la créativité.
L’oeuvre d’art comme outil éducatif
Baptisé à juste titre Agora, l’établissement scolaire est constitué de trois bâtiments et d’un préau central extérieur pensé comme pôle de rencontre pour les habitants du quartier. Ici, point de barrière, ni de portail interdisant le passage et l’échange entre les élèves et les résidents.
Dans le cadre des nouvelles normes de construction publique, un pour-cent du budget a été alloué à la commande d’oeuvres d’art suivi d’un appel à projets. La lauréate est la sculptrice Alexia Weill, toujours en recherche de nouveaux défis dans le domaine socio-culturelle. Elle confirme que les bienfaits de l’art au coeur de l’école ne sont plus à démontrer avec un trio de sculptures. Positionnées en miroir avec chaque bâtiment, voici Agorabee en calcaire, Agoraqua en ciment marin écologique et Agorarbre en bois de chêne.
Curieuse professionnelle, Sonia part toujours un appareil photo à la main, pour partager les beautés de la région ou sa passion pour l’art et les artistes.
Le digital, un atout dans la création
Si le coeur de son processus créatif bat au rythme de la nature, l’artiste n’hésite pas à jouer avec le digital dans son travail de sculpture. Les nouvelles technologies font partie du quotidien des jeunes générations. Raison pour laquelle, Alexia Weill a imaginé l’animation des trois oeuvres d’Agorart au moyen de la réalité augmentée. Chaque sculpture s’est vue attribuer un QR code à scanner avec un portable. Alors pour un court moment, elles prennent vie agrémentées d’images version dessin animé et de sons variés.
Trois sculptures, trois projets pédagogiques
Les oeuvres sont le point de départ d’un programme éducatif en construction actuellement, et intégré dans l’environnement naturel du quartier.
Agorabee, faite de pierre calcaire a été poncée, sablée ou laissée brute pour lui apporter des tons subtilement variés. L’artiste y a creusé des alvéoles hexagonales, réceptacles du miel des abeilles cirières, maillon indispensable de l’écosystème. En extension à l’oeuvre d’art, un rucher sera installé à proximité pour permettre aux enfants de suivre leur cycle de vie.
Pour Agoraqua, Alexia Weill a utilisé un ciment marin recyclé au Ph neutre sur le modèle du Musée subaquatique de Marseille. Lorsqu’il est immergé, ce matériau écologique favorise le développement de la vie sous-marine. D’après une matrice en plâtre, deux oeuvres ont été coulées. La première est exposée, la deuxième sera en partie immergée dans un étang construit en 2024. Une sculpture porteuse de vie, porteuse d’espoir.
Hommage est rendu aux arbres avec la sculpturale Agorabre en bois de chêne. Des cercles concentriques composent cette oeuvre massive, belle invitation à voyager au coeur des arbres. Au dos, on découvre les dessins tracés par l’artiste au ciseau/gouge illustrant des réseaux de branches et le lien entre les arbres. Nous dépendons également de ce réseau végétal. Un chêne a donc été planté sur une colline surplombant l’école invitant les enfants et les enseignants à s’y rencontrer et suivre son évolution.