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L’équipe du Musée de Nyon a mis en scène une très belle exposition mettant en lumière un enfant du pays et l’invention qui l’a rendu célèbre : La brique de verre soufflée.

Qui est donc l’inventeur de ce matériau révolutionnaire en architecture ? Il s’agit de Gustave Falconnier, né et mort à Nyon (1845-1913). Falconnier porte plusieurs casquettes durant sa vie, diplômé des Beaux-Arts de Paris, il s’engage en politique et devient Préfet de Nyon à 34 ans. Mais c’est en tant qu’architecte qu’il se fera connaître au-delà des frontières helvétiques. De son esprit résolument avant-gardiste naîtront une quarantaine d’inventions, dont la fameuse brique de verre en 1886.

Pourquoi le verre et quels sont les avantages par rapport aux matériaux plus traditionnels en architecture ? Le verre est magique et la brique soufflée également!

Son procédé de fabrication est similaire à celui employé pour les bouteilles. La brique creuse est soufflée dans un moule en fonte, puis hermétiquement scellée à chaud par une pastille de verre, voilà pour la technique (une vidéo au Château illustre parfaitement ce procédé). La brique tire tous les avantages naturels du verre : translucide à souhait pour filtrer la lumière en préservant l’intimité du lieu, elle confère une bonne isolation, sa légèreté est esthétique et son coût de fabrication peu élevé.

Falconnier, très fier de son invention. part faire sa promotion à l’étranger. Il sera récompensé à plusieurs reprises, notamment aux expositions universelles de Chicago (1893) et de Paris ( 1900). La brique de verre fait parler d’elle et attire l’attention des plus grands architectes de la fin XIXé, début du XXé : Hector Guimard, Auguste Perret, Le Corbusier, Stephen Sauvestre). L’Art Nouveau en raffole et des murs de verre fleurissent un peu partout en Suisse, en France, aux Etats-Unis et même en Russie. Quelques exemples de réalisations publiques, que certains d’entre vous ont pu admirer : les dômes de la Samaritaine (Paris), la Villa Turque de Le Corbusier ( Chaux-de-Fonds), le Castel Béranger d’Hector Guimard (Paris), et plus près de nous, quelques propriétés privées sur le Léman dont la fameuse Villa Promenthoux (Sauvestre).

Villa de Promenthoux sur le lac Léman

Malgré son succès indéniable à l’époque, la brique de verre ne survivra pas dans le temps car sa production ne deviendra jamais industrielle, trop délicate à fabriquer, seuls des artisans verriers maîtrisent la technique ! La production en quantité s’avère trop onéreuse car il y a trop de déchets (bris et irrégularités). Au début du XXé, face à l’industrialisation, l’invention de Falconnier se voit tristement délaissée au profit de matériaux plus avantageux.

Mais l’aventure de la brique ne s’achève pas ainsi et de nos jours, collectionneurs, architectes et décorateurs lui redonnent un second souffle. Des enchères ont eu lieu en juin dernier mettant en vente un lot de 2000 briques inutilisées, découvertes en Belgique chez un particulier. D’ailleurs vous pourrez admirer la brique de verre sous toutes ses formes, durant la visite au Château car le Musée possède le plus important fonds connu à ce jour.

La mise en scène de l’exposition a été superbement orchestrée par le conservateur, Vincent Lieber et son équipe avec la collaboration de l’historienne en architecture, Aline Jeandrevin.

Nicolas de Staël Agrigente, 1954 Huile sur toile, 60 × 81 cm Collection particulière/ courtesy Applicat-Prazan, Paris Photo Annik Wetter © 2023, ProLitteris, Zurich