Sonia Jebsen – octobre 2017

C’est dans le cadre d’un entretien au Café Clémence, en vieille ville de Genève, que nous retrouvons Frédéric Elkaïm, en ce vendredi aux couleurs d’été indien. Frédéric ne nous est pas inconnu car nous avions eu le plaisir de suivre certains de ses cours sur l’Histoire de l’Art dans le cadre du Cercle des Menus Plaisirs, créé par Rachel Dudouit. Nous avions déjà apprécié l’aisance, le talent de pédagogue et l’énergie créative de ce passionné de l’art contemporain, tout particulièrement. Nous le retrouvons au démarrage de sa nouvelle aventure artistique, Art Now!, plateforme d’échanges créative et professionnelle, dans laquelle il propose une vaste gamme de services touchant à divers domaines de l’art.

Bythelake : Commençons par faire les présentations. Frédéric, quel est votre parcours avant votre installation à Genève ?

Frédéric Elkaïm : J’ai toujours été dans le domaine culturel. Plus jeune, je me suis occupé d’artistes et de compagnies de danse contemporaine, au niveau communication et relations publiques. En fait, je suis sans doute un artiste frustré, qui par dépit, a choisi de contribuer au rayonnement d’autres créatifs. J’ai pu intégrer l’Hôtel des ventes de Drouot, à Paris, où j’ai eu en charge un service de communication, puis la formation des collectionneurs, galeristes, commissaires priseurs, négociants en art dans différents domaines artistiques.

Une formation sur le tas, principalement, qui m’a permis de me confronter à un public varié, de comprendre leurs questionnements et leurs critiques face au monde de l’art contemporain notamment. Je m’identifie plus facilement à ces personnes car j’ai fait la plupart de mon apprentissage sur le tas! Ma passion pour la pédagogie est le moteur de mes engagements et de mes interventions. En parallèle de mon travail à Drouot, j’ai soutenu des artistes en leur permettant une visibilité au travers d’expos, des évènements. Puis j’ai décidé de venir vivre à Genève…

Bythelake : Votre installation à Genève se fait d’autant mieux que vous rejoignez l’organisation du Cercle des Menus Plaisirs, fondé par Rachel Dudouit, en 2011. Racontez-nous votre expérience au CMP…

Frédéric Elkaïm : J’ai rejoint Rachel dans cette aventure, partant de zéro, il a fallu créer cette structure avec les cours d’histoire de l’art, dans les locaux de la Société de lecture. Nous avons organisé des visites de foires (FIAC, ArtGenève, Art Basel…), visites de collections privées, etc…Offrir à un public parfois non initié une approche moins didactique sur le vaste monde de l’Art, en accueillant les participants dans des galeries, l’Hôtel des Ventes…Je suis reconnaissant à Rachel Dudouit et le CMP de m’avoir ouvert les portes de la scène genevoise et de la région lémanique.

L’univers de l’art contemporain à Genève est plus concentré qu’à Paris, étant plus petit, mais tout aussi riche et varié. Il a été plus aisé pour moi de créer un bon réseau car les acteurs de ce monde particulier sont plus accessibles et disponibles. Fort de ces années très enrichissantes au CMP, j’ai décidé de me lancer seul cette année et me consacrer à ma passion : l’art contemporain. J’ai donc créé Art Now! Dans ce cadre, je propose toujours les cours sur différentes thématiques dans des lieux différents (galeries, cafés…) pour leur donner un côté moins strict, moins formel. Les années au CMP m’ont permis de fidéliser certains intéressés appréciant mon approche de l’art contemporain.

©musee des suisses -fbk Art Now

Bythelake : Mis à part les cours, quels sont les services que vous proposez dans le cadre d’Art Now! ? A qui s’adressent-ils ?

Frédéric Elkaïm : Je me suis rendu compte que l’expérience acquise depuis Paris jusqu’au CMP pouvait être mise au service d’artistes et de collectionneurs sous la forme d’un conseil/coaching personnel et bien ciblé. J’ai une préférence pour les apprentis collectionneurs, avec lesquels je peux travailler sur une démarche, un projet, à partir de leurs goûts et de leurs moyens financiers. Mais aussi les amener plus loin dans le choix des oeuvres et l’acquisition en matière d’investissement, ce qui suppose une sélection d’artistes que je suis à même de leur recommander. Je rencontre de jeunes entrepreneurs, ou héritiers d’entreprises qui manifestent le désir d’acquérir des oeuvres d’art contemporain.

En ce qui concerne les artistes, je les soutiens dans le développement de leur communication et leur réseau avec les acteurs du monde de l’art et le public. Etre agent d’artiste n’est pas toujours facile car il faut prendre en compte les sensibilités et surtout le fait que l’artiste s’investit souvent corps et âme dans son oeuvre et attend des résultats concrets et positifs. Je leur propose un accompagnement personnel, l’organisation d’expositions, la diffusion et la vente des oeuvres, mais aussi l’animation d’évènements (débats, colloques, tables rondes…).

Prendre un artiste sous son aile demande beaucoup d’énergie et de confiance réciproque. Ainsi j’ai choisi de sponsoriser 4 artistes cette année, 2 suisses et 2 français. Afin de rendre mes services toujours plus attrayants, j’ai mis au point des présentations vidéos sur Youtube, présentant sur 2 à 3 minutes les thématiques de mes cours. Elles touchent un public varié qui ne me connaissait pas, qui n’a pas toujours le temps de lire et l’information visuelle est efficace. Nous sommes dans un monde de l’image, le visuel est incontournable, c’est une évidence dans le domaine artistique. Art Now! vient de débuter, en septembre, donc, je tâte encore le terrain auprès des intéressés et de mon public fidèle.

Mon but étant toujours qu’au-delà des cours d’art contemporain, je puisse conseiller en direct les personnes qui désirent être initiées à la collection en créant une relation de confiance. Et je suis ravi et satisfait lorsque le “jeune” collectionneur vole de ses propres ailes, ayant trouvé les clés et le chemin à suivre au travers de mes conseils. Collectionner est devenu un “must” pour une “certaine” société aisée et les entreprises également, mais pas seulement! Et des personnes avec de moindres moyens ont aussi envie d’acquérir des oeuvres d’art et je peux les diriger et les rassurer dans des achats compatibles à leurs goûts et finances. Collectionner demande d’être éduqué autant que possible pour rendre la démarche et l’investissement financier cohérents et éviter les erreurs (ne pas fonctionner uniquement au coup de coeur!).

Développer ces services à Genève m’a paru une évidence, car il existe un véritable vivier d’artistes dans la région (certains plus connus que d’autres), des écoles d’art renommées comme la HEAD, l’ECAL, un nombre de collectionneurs potentiels en demande et un public d’initiés sur Genève et la région.

Savez vous parler Art Contemporain – Frédéric Elkaïm – Art Now

livre de frederic elkaim

Frédéric Elkaim est également auteur de livres et  articles. Son dernier ouvrage s’intitule “Savez-vous parler l’art contemporain ? » , paru aux éditions Magellan & Cie en octobre dernier. Un titre qui montre bien son souhait de donner les clés nécessaires, aux intéressés, pour ouvrir les portes de ce monde fascinant, intriguant et souvent méconnu, faire sauter les verrous, les préjugés, et aller de l’avant dans tous les projets que vous soyez approché par le public, les artistes, ou les acteurs du marché de l’art.

Nous remercions Frédéric Elkaïm pour sa disponibilité pour cet entretien, son ouverture et son dynamisme portant sa passion pour l’art contemporain et son envie de la partager. Nous espérons que tout comme nous, vous aurez envie d’apprendre à parler l’art contemporain, une langue pas si étrangère que cela finalement, et Frédéric Elkaïm est sans aucun doute le professeur rêvé dans ce domaine.

Savez vous parler Art Contemporain – Frédéric Elkaïm – Art Now

L’affaire Bansky :
Comme toujours dans ce type d’affaires il n’est pas évident de faire la part entre ce qui tient de la dénonciation d’un système marchand qui a perdu la tête ou de la fascination pour sa propre médiatisation, voire d’une manipulation de la cote.
En l’occurrence, je pencherais cependant plutôt pour la première solution. Cela fait un moment que je regarde la production artistique de Banksy et il n’a jamais cessé de jouer l’ironie et la critique du système consumériste en particulier dans l’art. Je pense par exemple aux oeuvres mises en vente dans la rue dans une sorte de brocante, sans sa signature et pour un prix très bas (de mémoire environ 50 livres) par un vieux Monsieur, et dont pratiquement personne ne voulait. Une dame en a acheté deux à Londres pour son fils et les a revendues chez Bonhams le jour où elle s’est rendue compte qu’il s’agissait d’un authentique Banksy. Prix multiplié par plus de 1 000, là aussi de mémoire. Morale : l’oeuvre n’a pas de prix en elle-même, ni pour sa qualité, ni pour son sujet, si ce n’est que dans son contexte de valorisation médiatique, la fameuse « signature ».

ART NOW! Genève

Contact et information :

Frédéric Elkaïm

cecilecooks

tel : +41 (077) 415 38 87

mail : contact@art-now.ch