Fin août… Les couleurs flamboyantes de l’été laissent la place à la palette dorée de l’automne. Les jours se font plus courts, c’est la rentrée. Navrante perspective pour ceux qui rêvent encore de farniente ou d’évasion du quotidien !

A Genève, le retour à la vie sérieuse est plus doux, puisque le jeudi qui suit le premier dimanche de septembre est celui du jeûne genevois, un des rares jours fériés du canton, prolongé, pour les plus chanceux, jusqu’au lundi.

Drôle d’idée d’associer une privation alimentaire à ce qui est devenu, aujourd’hui, une réjouissance ! La tradition est ancienne : dès le quinzième siècle, la Diète, c’est-à-dire l’Assemblée Fédérale organisait des journées de pénitence. Selon les endroits, elles se traduisaient en pèlerinage, procession ou… interdiction de faire bonne chère !

Dans la ville de Calvin et des réformateurs, la pratique du jeûne était indispensable pour implorer le Créateur et lui rendre grâce. Elle était aussi une manifestation de solidarité à l’égard de leurs coreligionnaires persécutés.

Cette coutume perdure pendant des siècles. A l’époque de l’occupation napoléonienne, elle garde sa signification religieuse, mais devient aussi un symbole patriotique, puisqu’elle souligne l’identité suisse et l’appartenance protestante des genevois.

Pourquoi un jeudi et non pas un lundi ou un vendredi ? Tout simplement parce que les esprits pragmatiques ont choisi un jour sans marché ! Enfin ce jour là, nul souci d’intendance ne devait troubler les âmes pieuses. Les repas, réduits au minimum, devaient être prêts la veille pour être servis après le temps de pénitence. Ils se réduisirent rapidement à une tarte aux pruneaux (quetsches). L’argent ainsi économisé était offert aux personnes démunies.

Et aujourd’hui ? Si le jeûne parait tombé en désuétude, le gâteau garde les faveurs de nos contemporains !

Dominique de Margerie

Yodel, La mélodie du bonheur, film, Virginie Hours
carnaval evolene