Marie-Christine Billa & Claire-Alice Brenac – Juillet 2017

Une vue fantastique, des aplombs vertigineux, un travail titanesque, tous ces superlatifs se bousculent lorsque nous cheminons sur les ponts suspendus du Bisse. Grâce à l’association qui a su réhabiliter celui du Torrent-Neuf, nous pouvons admirer comment depuis le XVème siècle,  l’homme a apprivoisé la montagne pour y vivre.

« Tant que l’eau coulera, l’homme vivra… »  

Léon Courtine, dernier valaisan ayant travaillé sur le Bisse dans les années 1930, décédé en 2016.

C’est une histoire complètement époustouflante qui nous attire début juillet sur les hauteurs de la vallée du Rhône.  Il y a quelques années, une poignée de saviésans a lancé le défi de faire revivre un élément du patrimoine de la commune tombé dans l’abandon le plus total:  le Bisse du Torrent-Neuf aussi appelé Bisse de Savièse .

Les bisses furent nombreux dans le Valais.  Ce sont des ouvrages d’irrigation qui permettent de détourner des ruisseaux qui descendent de la montagne. Celui de Savièse qui coule sur plusieurs kilomètres est le plus spectaculaire. Il se matérialisait par un aqueduc en planches de mélèzes chevillé à des poutres (les boutzets) elles-mêmes fixées à coups de pics et de pelles aux falaises de la vallée de la Morge.

Il faut remonter au Moyen-Âge pour apprécier l’histoire de ce défi lancé par les habitants de la commune: la pluie qui tombait en altitude rejoignait le lit du Rhône en aval de son territoire par un réseau de rivières délaissant ses prairies. Il n’était donc pas possible de cultiver les champs pour nourrir les villageois correctement.

Entre 1448 et 1934, le bisse a permis à la vie de se développer sur les coteaux ensoleillés au-dessus de Sion, en rendant possible une agriculture riche et prolifique. La population a dompté la nature, et pendant ces cinq siècles, toutes les familles qui souhaitaient profiter de ce système d’irrigation ont participé à la construction puis l’entretien en continu du Torrent-Neuf.

Certains avaient des fonctions permanentes comme le « parchu » qui était chargé de diriger l’eau vers l’une ou l’autre parcelle à arroser, ou ceux qui surveillaient jour et nuit la régularité du débit au niveau de la scierie.  Ces derniers écoutaient le tam-tam d’un marteau tapant sur une pierre grâce à un mécanisme de roue à eau.  Si le débit changeait, le rythme du tam-tam aussi, indiquant une brèche dans le bisse ou une crue en amont qui risquait de briser le chenal.  Il fallait alors lancer une équipe pour réparer ou ouvrir des vannes afin de régulariser le débit.

Depuis 1935, le bisse a perdu son utilité puisqu’une conduite forcée suit depuis les hauteurs un tunnel qui achemine l’eau jusqu’aux champs et aux vignes de Savièse. Mais cette aventure qui a soudé une commune entière restait tellement vivace dans le coeur des villageois que l’idée de faire revivre l’ouvrage a une nouvelle fois entrainé une grande solidarité.

Les saviésans engagés dans la rénovation ont mis plusieurs années à réaliser leur projet.  Ils ont monté une association qui rassemble aujourd’hui tous ceux qui sont sensibles à ce projet, levé des fonds, entrepris un travail tout aussi titanesque que leurs anciens mais bien sûr avec les techniques d’aujourd’hui qui n’ont rien à voir.

C’est le bisse rénové que vous allez emprunter, une balade d’environ 8km à fleur de pentes et de falaises.  Avant d’attaquer la partie abrupte, le chemin commence dans les sous-bois, longeant un ruisseau bourré de charme que vous ne quitterez plus jusqu’au moulin à eau permettant de faire fonctionner la scierie qui produisait les planches pour entretenir l’ouvrage.

La scierie et la partie de bisse qui se poursuit encore sur quelques centaines de mètres est celle qui est la plus spectaculaire, le canal en planches de mélèzes étant à cet endroit accroché à la paroi rocheuse des Branlires. Cette dernière escale se visite avec un accompagnateur, Cédric, qui vous raconte la vie du bisse et la logistique incroyable pour entretenir ce lien vital des villages de Savièse avec l’eau.

  • Autoroute A9 vers Sion. Sortir à Conthey (sortie 25) puis suivre Savièse et Bisse de Torrent-Neuf (Château de la Soie, Route de Zampillon).
  • 2h15 environ depuis Genève.
  • 2 parkings gratuits à votre disposition (Parking Binii et Ninda).
  • Possibilité de venir en train jusqu’à Sion puis Car Postal depuis la gare quai 6 Bus 341.342 Arret Binii ou Prafirmin (bus toutes les 2h le week-end et toutes les heures en semaine)
  • Ouvert de juin à septembre, à vérifier avant de faire le déplacement car le Bisse ferme s’il pleut.
  • Une balade sans dénivelé, mais les passages sur les passerelles, bien que tout à fait sécurisés, peuvent être impressionnants.
  • Sur place 2 possibilités de restauration : la Buvette des Vouasseurs au début du Bisse, et Chalet du Brac à la fin.
  • Site des Bisses de Torrent-Neuf  www.torrent-neuf
  • Musée des Bisses www.musee-des-bisses.ch
  • Possibilités chambres d’hôtes à proximité www.zollin.ch ou hôtel www.authentic-switzerland.com

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