Sophie Bernaert – Février 2018
Sophie Bernaert nous confie ses coups de coeur avec enthousiasme. Amoureuse des bons produits et des bonnes tables, elle ne prend la plume que lorsqu’elle est conquise, que ce soit pour une adresse étoilée ou un bistrot qui mérite d’être découvert. Gourmet ou gourmand, vous pouvez la suivre sans hésiter!
Après une journée ponctuée de prises de décisions, pourquoi ne pas s’abandonner au sentiment exquis de « lâcher prise »… Avant de vous régaler, c’est ce plaisir que vous offre Michel Verdu au fil de ses menus « Page Blanche » qui proposent chaque soir 5 ou 7 plats.
Cet homme du sud à l’accent toujours chantant a donc toute l’étoffe d’un grand chef : sa passion pour son métier, « la cuisine c’est le début de la vie » , une expérience de 25 ans au service de grandes tables dans le canton de Genève (Vieux Moulin à Drize, hôtel President Wilson, Les Bergues), une créativité sans cesse renouvelée que lui apportent la liberté et la souplesse d’une carte succincte, toujours élaborée à base de produits de saison et ultra frais, une bonne pincée d’audace (et il en faut).
Restaurant définitivement fermé
crédit photos©studio Alain Aldouni
Dans son restaurant « La Pagerie », il revendique depuis presque 10 ans une cuisine exclusivement « locavore », alpestre et lacustre. «Une carotte bio cultivée sur nos terres avec un bar de Bretagne, on se perd !! » Ce chef cultive son potager en bas de Gaillard, pratique la cueillette sauvage aux beaux jours, pétrit et façonne lui-même son pain servi tout chaud. L’utilisation d’une farine de meule bio confère à ce pain un aspect et une saveur authentiques, auxquels s’ajoutent parfois l’originalité d’un charbon végétal ou bien la douceur de brisures de marrons. Présenté en long épi entier, ce pain dont on « casse la croute » se fait l’accompagnant idéal de nos assiettes. Sans oublier la petite boule de beurre fait maison, aux herbes, algues ou bien truffes noires, suivant l’humeur.
Bien évidemment, dans le respect de l’âme de ce restaurant, je ne vous dévoilerai pas l’exhaustivité du contenu des assiettes dégustées mais vous mettrez plutôt l’eau à la bouche en vous parlant juste de « Bisque de homard / risotto de céleri / féra basse température / aïoli d’ail noir » ou encore de « Sanglier façon chiffonnade jambon fumé / champignons / rutabaga ».
En cuisine, au côté de Michel Verdu, on découvre la jeune et discrète Marion dont le chef dit « c’est elle qui fait tout » et en salle, un sommelier expert, intarissable sur les mélanges de cépages autant que sur les associations subtiles d’ingrédients parfois méconnus. Cette équipe enthousiaste et chaleureuse s’enrichie les soirs de week-end de la douceur et la gentillesse de l’épouse de Michel que l’on perçoit toujours aussi « fan » du travail de son chef à domicile. Elle vous accueille dans une salle à la décoration douce et unique où un mobilier, à la fois sobre et cossu a été conçu sur mesure. Il privilégie le bois massif, clair, pour une symbiose totale avec la cuisine de Michel Verdu et un rapprochement constant avec la nature. Unicité et nature, jusque dans un couvert étrange qui s’invite a votre table, la « georgette »…
Au delà de l’expérience et du plaisir gustatif, vous serez choyés lors de cette escapade juste en dehors des frontières (helvétiques)…